BFMTV
Santé

Dix chevaux tués, foyers de contamination... Ce que l'on sait de l'épidémie de rhinopneumonie équine en France

placeholder video
Une épidémie de rhinopneumonie équine, qui touche la France depuis la mi-novembre, a tué 10 chevaux, selon le Respe, le réseau de surveillance de maladies équines. Cette maladie virale, très contagieuse, peut provoquer des symptômes respiratoires, nerveux et des avortements chez les juments.

Inquiétude dans les écuries. Une épidémie de rhinopneumonie équine touche la France depuis la mi-novembre. Dix chevaux sont morts de cette maladie très contagieuse. Le réseau de surveillance de maladies équines appelle à "la plus grande vigilance" alors que la saison des concours bat son plein et que le salon du cheval de Paris ouvre ce vendredi 6 décembre après cinq ans d'absence.

• Une maladie très contagieuse, aux formes plus ou moins graves

La rhinopneumonie équine touche -comme l'indique son nom- les chevaux, les poneys et les ânes. C'est une maladie très contagieuse qui se présente sous trois formes, respiratoire, abortive ou nerveuse, plus ou moins graves.

La forme respiratoire, qui se caractérise par une hyperthermie, une toux ou du jetage (écoulement nasal), est la plus fréquente et la moins dangereuse pour l'animal. En revanche, cette maladie est plus problématique lorsqu'elle est abortive chez les juments, ou lorsqu'elle est nerveuse et entraîne, entre autres, une paralysie.

La maladie "peut alors causer la mort du cheval soit de manière naturelle ou obliger à l'euthanasie", indique Jean-Marc Betsch, également trésorier du Respe.

Les chevaux se contaminent entre eux par sécrétions, qu'elles soient respiratoires ou urinaires. Ils peuvent ainsi se contaminer lorsqu'ils partagent un box, un camion, un abreuvoir... Si la rhinopneumonie équine n'affecte pas l'homme, ce dernier peut être vecteur de ce virus, tout comme les chiens. "L'homme est un important vecteur du virus", affirme le praticien équin. "Si le cheval vous éternue dans les cheveux, vous pouvez contaminer un autre animal sans le savoir."

• Neuf foyers comptabilisés, au moins 70 chevaux contaminés

Le Réseau d'épidémio-surveillance en pathologie équine (Respe) a comptabilisé, au 2 décembre, neuf foyers dans l'Hexagone. Plus précisément, ce réseau qui a réuni une cellule de crise, a noté trois foyers dans l'Essonne, deux dans les Hauts-de-Seine, un dans les Yvelines, un dans l'Eure-et-Loir, un en Loire-Atlantique et enfin un dans l'Orne.

"À ce jour, la circulation du virus reste toujours active dans les foyers déjà identifiés en Île-de-France et dans les foyers identifiés la semaine dernière en Loire-Atlantique et dans l’Orne", indique le communiqué.

Avant d'ajouter: "L’un des foyers d’Île-de-France a enregistré plusieurs équidés nouvellement positifs (...) et le foyer de Loire-Atlantique, plus récent, a vu son nombre de chevaux présentant de l’hyperthermie augmenter".

"Il y a de nouveaux foyers depuis une semaine, ça circule beaucoup, il faut rester prudent", abonde Christel Marcillaud-Pitel, directrice du Respe, contactée par BFMTV.com.

Environ 70 chevaux contaminés ont été recensés à ce stade. "Mais à mon avis, il y en a plus que ça", souligne-t-elle précisant que la plupart de ces cas ne sont pas graves. Le Respe "déplore" dix morts au total.

Une cellule de crise se réunira début de semaine prochaine pour faire un point sur la situation.

• Le point de départ? Une compétition dans la Sarthe

S'il "est toujours difficile de connaître le cheval zéro", selon Christel Marcillaud-Pitel, il a été établi que cette épidémie est née lors d'une compétition début novembre dans la Sarthe.

"Ce rassemblement comptait plus de 1.000 chevaux venus de toute la France. A priori, il y en avait un qui était malade ou en incubation", note la présidente du réseau de surveillance qui rassemble plus de 1.000 vétérinaires sur le territoire.

"Le premier foyer en Île-de-France est lié à ce concours", affirme-t-elle. Puis le virus s'est notamment propagé lors d'un deuxième concours en Seine-et-Marne à la mi-novembre.

Si des foyers sont recensés tout au long de l'année, il y a environ une situation épidémique par an depuis 2018, selon Christel Marcillaud-Pitel.

"On ne sait pas pourquoi les épidémies sont plus fréquentes depuis six ans, mais cela est peut-être lié au fait que les rassemblements de chevaux sont de plus en plus nombreux", avance la directrice du Respe. "Avant, il y avait une période de pause dans les compétitions, pendant la période hivernale, ce n'est plus le cas. Il y a des concours tout le temps avec de plus en plus de chevaux qui se rassemblent", ajoute-t-elle.

En France, la dernière épidémie conséquente remonte à 2018. Au niveau européen, elle date de 2021. "Il y a eu un important concours à Valence. Lorsque les chevaux sont repartis dans leurs pays respectifs, ils ont diffusé la maladie sur le continent", nous explique Jean-Marc Betsch, praticien équin en Normandie et vice-président de l'Association vétérinaire équine.

• Les rassemblements équestres sous haute surveillance

La rhinopneumonie équine, "c'est comme le Covid" chez l'homme image Jean-Marc Betsch. "On essaye de limiter son extension d'un département à l'autre". Les chevaux malades doivent ainsi être isolés. "Il faut immédiatement déclarer le cas" souligne le vice-président de l'Association vétérinaire équine qui rappelle le "leitmotiv" du Respe, "déclarer, c'est protéger".

Il faut que les propriétaires redoublent de vigilance avant et après tout rassemblement. "Il faut prendre la température de manière régulière", insiste Christel Marcillaud-Pitel qui aimerait que ce geste devienne un "réflexe" tout au long de l'année.

La cellule de crise du Respe appelle même "à l'annulation ou au report de tous les concours et rassemblements de poneys ou chevaux de sport jusqu'au 15 décembre inclus".

Autre pilier de la prévention: la vaccination qui réduit la contagiosité du virus. "Les chevaux ne sont pas assez vaccinés contre cette maladie. Seuls 30 à 40% le sont alors qu'il faudrait plus de 80% d'entre eux le soient pour qu'il y ait une protection collective", explique la présidente de la Respe.

"Si les chevaux étaient correctement vaccinés, l'impact économique serait moindre", souligne Jean-Marc Betsch. La maladie conduit en effet certains centres équestres à fermer et empêche certains rassemblements. En 2019, les activités équines ont généré plus de 11 milliards de flux financiers, dont 9,8 milliards dans les courses de chevaux et un milliard dans le sport-loisirs, indique l'Institut français du cheval et de l'équitation (IFCE) sur son site internet.

Juliette Brossault