Des vaccins "coupe-files" à l'hôpital de Neuilly? Olivier Véran déplore une pratique "regrettable"

L'Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine par la cour d'assises des Hauts-de-Seine à 14 ans de réclusion criminelle pour avoir violé en 2018 une patiente sous lourd traitement psychotropique - JACK GUEZ © 2019 AFP
On parle de vaccins "coupe-files", "passe-droits" ou encore "VIP". À Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), des membres du conseil d'administration de l'Hôpital américain ont bénéficié d'injections contre le Covid-19, rapporte ce mardi franceinfo.
Une vingtaine de personnes -appelées "gouverneurs"- mais également des donateurs et ainsi que des membres âgés de leur famille ont été invités à se faire vacciner au sein de l'établissement au mois de janvier, sans semble-t-il toujours tenir compte de la logique de priorisation voulue par le gouvernement.
Bruno Durieux, gouverneur honoraire de l’Hôpital américain et ancien ministre délégué à la Santé de 1990 à 1992, assure à franceinfo avoir "été appelé" à se faire vacciner le 14 janvier. Si ce dernier est âgé de 76 ans, la vaccination aux 75 ans et plus et aux personnes présentant des pathologies à haut risque n'a été ouverte que le 18 janvier.
"Tous les gouverneurs étaient invités à le faire"
"Tous les gouverneurs étaient invités à le faire", précise Bruno Durieux, même si tous ne cochaient vraisemblablement pas les critères d'éligibilité. Selon l’Hôpital américain de Paris, "toutes les personnes volontaires et éligibles intervenant dans l’hôpital (médecins, soignants, administratifs, gouverneurs, prestataires de ménage, de sécurité et de restauration, volontaires bénévoles) selon les critères du ministère de la Santé et conformément aux directives des autorités sanitaires" ont été prises en charge.
L'établissement ne souhaite cependant pas communiquer le nom des personnes en question.
"Je n'accepterais pas qu'il y ait des passe-droits"
Ces vaccinations "coupe-file" ont fait réagir ce mardi matin le ministre de la Santé.
"Je contacterai la direction de cet hôpital pour avoir des informations, savoir si les informations sont confirmées ou non, a réagi Olivier Véran, toujours sur franceinfo. Si elles le sont, je les déplore."
Le ministre de la Santé, vacciné lundi en sa qualité de neurologue, insiste: "la priorisation est très claire dans notre pays. Nous protégeons d'abord les plus fragiles par ordre de priorité quel que soit l'endroit où on se trouve sur le territoire national et quelle que soit sa condition sociale".
"Je n'accepterais pas qu'il y ait des passe-droits, a-t-il poursuivi. S'il y en avait, ce serait regrettable et je le dirais aux intéressés."
Dans un contexte où les doses de vaccin restent une durée rare, les pratiques de l'Hôpital américain de Neuilly ont suscité la contestation au sein même de l'établissement.