De nombreux produits stars de l'automédication mêlent inefficacité et nocivité

Des médicaments génériques (photo d'illustration) - Daniel Janin - AFP
Ils sont à portée de main, réconfortants lors des coups de moins bien, presque un réflexe…et pourtant parfaitement inutiles, voire nocifs, le cas échéant. Eux, ce sont 38 médicaments sur les 41 spécialités (c’est-à-dire produits pharmaceutiques) qu’a étudié l’exemplaire de janvier du journal de consommateurs Que Choisir avec l’aide d’un pharmacien. Le titre s’est intéressé à ces spécimens car ils figurent tous sur une liste des meilleures ventes d’automédication parue en novembre 2015. Les noms vous seront sans doute familiers et garnissent les armoires de millions de Français, souffreteux ou non. Ces solutions qui n’en sont pas plaisent d’autant plus aux personnes cherchant à se soigner elles-mêmes depuis "les vagues de déremboursement des années 2000", explique la revue.
Inutiles...
Nous voici plongés depuis quelques semaines à présent dans la grande saison des rhumes, des nez bouchés et qui coulent tout de même. Ceux qui ont récemment été victimes de ce mal, ou s’en gardent avec la plus grande prudence, connaissent forcément les noms suivants: Dolirhume, Actifed jour et nuit, Humex Rhume, Nurofen Rhume, Rhinadvil Rhume. Tous ces produits ont un point commun en ce qu’ils contiennent de la pseudoéphédrine, un vasoconstricteur local qui réduit le gonflement de la muqueuse nasale (alors enflammée) diminuant la sensation de nez bouché et facilitant la respiration. Mais leurs effets sont d’une faible ampleur et les effets indésirables dont ils peuvent être porteurs sont aussi rares que lourds: infarctus, AVC, par exemple.
Comme leur dénomination l’indique, Fervex état grippal, Doli état grippal, Humex Lib état grippal, ou Actifed états grippaux sont censés lutter contre la redoutable grippe. Pour ce faire, ces médicaments conjuguent de la vitamine C à un antihistaminique H1 et au paracétamol. Là où ce dernier ferait très bien l’affaire tout seul, les précédents additionnent les effets indésirables, tels que la somnolence, la sécheresse buccale, la constipation, la difficulté à uriner.
...Et potentiellement dangereux
De leur côté, les remèdes contre la toux sèche comme Clarix ou Toplexil exposent davantage à l’endormissement qu’à la guérison des quintes douloureuses. Le néocodion, qui joue sur le même terrain, peut se révéler plus nuisibles encore: il peut en effet entraîner des dépressions respiratoires et une accoutumance chez le patient car c’est un opiacé (il contient de la codéïne). Coquelusédal et Vicks Vaporub, qui doivent eux mettre un terme à la version grasse du même fléau, présentent des risques des convulsions.
Les pastilles de Lysopaïne ont très peu de chance, quant à elles, de vaincre des maux de gorge. Et l’emploi de ce produit bien connu est susceptible dans certains cas de se révéler rien moins qu’indolore: des fièvres élevées, des éruptions cutanées, des anomalies sanguines peuvent s’ensuivre dans certains cas exceptionnels.