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Covid-19: vivons-nous un retour en force de l'épidémie?

Une femme rend visite à sa mère dans le parloir d'un Ehpad, équipé d'une fenêtre de séparation, pendant l'épidémie de Covid-19, le 21 avril 2020 à Toulouse

Une femme rend visite à sa mère dans le parloir d'un Ehpad, équipé d'une fenêtre de séparation, pendant l'épidémie de Covid-19, le 21 avril 2020 à Toulouse - Lionel BONAVENTURE © 2019 AFP

Variants, passages aux urgences... Les signaux faibles montrent un retour de l'épidémie de Covid-19 en France. Une nouvelle vague à l'approche des législatives et des Jeux olympiques.

"On pensait le Covid enterré et surtout devenu une maladie saisonnière, ce n'est pas le cas". Ce lundi 17 juin, l'infectiologue Benjamin Davido a lancé une alerte au micro de Franceinfo: le Covid-19 est toujours là.

Comme l'expliquent les chiffres de Santé publique France, les courbes n'affichent pas la bonne tendance. Les passages aux urgences ont augmenté de 52%, une hausse sensiblement égale à celle des recours à SOS Médecin (+51%, 1.507 actes du 3 au 10 juin).

"Les recours pour suspicion de COVID-19 continuent leur augmentation depuis huit semaines", résume l'autorité de santé.

Si le virus reste à un niveau de circulation "modeste" - surtout si l'on le compare aux sommets de la pandémie -, cette vague survient au mauvais moment. La France se prépare à deux échéances où les cas pourraient flamber, les élections législatives le 30 juin puis le 7 juillet, mais aussi et surtout les Jeux olympiques.

"Déclin immunitaire"

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) observe un rebond du SARS-COV-2 généralisé après "une longue période de faible activité". Mais comment expliquer que la situation s'empire à l'approche de la saison estivale?

Ce ne sont pas les éventuels clusters liés aux concerts de Taylor Swift qui sont pointés du doigt. Pour Mircea Sofonea, épidémiologiste à l'université de Montpellier, la remontée "était prévisible", comme il l'explique à l'Agence France Presse.

Un double effet provoque cette situation. D'abord, un "déclin immunitaire" lié à une vaccination moindre, et à l'efficacité moindre dans le temps des vaccins sur les infections, même s'ils offrent toujours une protection forte contre les formes graves.

Selon la Direction générale de la santé (DGS), au 13 juin, quelques jours avant la fin de la campagne de vaccination, 360.812 personnes avaient reçu une dose de rappel. L'agence indique à BFMTV que 188.035 de ces personnes sont âgées de 80 ans et plus. Pour rappel, l'objectif affiché était en priorité la protection des plus fragiles, les seniors ou les personnes souffrant d'autres comorbidités.

Course contre les variants

Comme l'explique l'Organisation mondiale de la Santé, le Covid-19 est une maladie qui "continue de circuler et d'évoluer". Les variants sont l'une des variables à prendre en compte dans les évolutions de la circulation. En cause, le principe d'"échappement immunitaire", la maladaptation du vaccin au virus muté.

En l'état actuel, le lignage JN.1* est majoritaire dans l'Hexagone et les territoires d'outre-mer. Certaines sous-variantes de celui-ci possèdent des mutations importantes au niveau de la protéine spike, celle permettant au virus de pénétrer nos cellules. Ainsi, ces variantes "peuvent conférer une évasion immunitaire accrue sans augmentation de la sévérité", comme l'explique un dossier de Santé publique France.

"Comme détaillé dans les précédentes analyses de risque, ces mutations lui confèrent un échappement à la neutralisation par les anticorps, mais aucun signal préoccupant en termes de sévérité ne lui a été associé", analyse SPF.

Pour mieux correspondre aux mutations du virus, l'OMS a recommandé fin avril des formulations ciblant la lignée JN.1 pour les futurs vaccins anti-Covid.

Perte des bons réflexes

L'infectiologue Benjamin Davido expliquait au micro de Franceinfo une raison plus terre à terre expliquant ce rebond. La perte des "réflexes" ayant rythmé le quotidien des Français pendant plus de deux ans.

"On a perdu le réflexe, lorsqu'on est malade, de se masquer, et tout simplement de se dépister pour éviter de contaminer des gens et créer des clusters", déplore-t-il, demandant aux malades de se couvrir lorsqu'ils sont symptomatiques, "pour éviter de contaminer les gens".

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Les épidémiologistes ramènent également régulièrement sur le devant de la scène la question de la ventilation des lieux clos. Une précaution d'autant plus importante que 49,3 millions de Français sont prochainement appelés aux urnes dans ces lieux clos.

Tom Kerkour