Covid-19: un rassemblement non déclaré de 190 catholiques dans l'Orne fait craindre un cluster

Un fidèle prie dans l'église de Saint Francois-Xavier, à Paris, en avril 2020 (PHOTO D'ILLUSTRATION). - Ludovic MARIN / AFP
Ils assurent avoir "respecté scrupuleusement le protocole sanitaire" mais pourraient être à l'origine d'un important cluster. Dans l'Orne, un pèlerinage à La Chapelle-Montligeon a réuni 190 fidèles catholiques à la fin du mois d'octobre, rapporte Ouest-France. Non déclaré, le rassemblement compte déjà une dizaine de cas de contaminations au coronavirus, et tout autant de cas contacts.
20 cas contacts refoulés
La retraite spirituelle organisée par la communauté de l'Emmanuel s'est déroulée du 22 au 25 octobre, soit une semaine avant la mise en place effective du second confinement, mais également avant que l'Orne soit placée en "zone de circulation active" du Covid-19. Lors du week-end, les croyants se sont réunis pour prier au sein du sanctuaire du Perche, tout en respectant les gestes barrières:
"Nous avons respecté scrupuleusement le protocole sanitaire édicté par la préfecture. Nous avons même demandé à 20 cas contacts de ne pas venir. Et d’autres, qui ont appris pendant cette retraite qu’ils étaient cas contacts, ont été priés de partir", assure à Ouest-France Louis-Etienne de La Barthe, responsable de la communication de la communauté de l'Emmanuel.
Conséquences dramatiques
Des précautions visiblement insuffisantes. Quelques jours plus tard, plusieurs participants, habitant à Nantes, Angers ou Brest, développent des symptômes. Combien? "Peut-être une dizaine, peut-être plus", répond à France Bleu un responsable du mouvement.
Parmi eux, un couple est allé voir des proches dans la Manche, en rentrant du pèlerinage. Une visite qui a eu de graves conséquences: quatre personnes ont été contaminées, l'une en est morte et l'autre se trouve actuellement en réanimation.
Si la prudence des participants interroge, celle des organisateurs pose également de nombreuses questions. D'abord parce que le rassemblement n'avait pas été déclaré en préfecture.
Or, à cette période "les organisateurs des rassemblements mettant en présence de manière simultanée plus de dix personnes" devaient "adresser au préfet une déclaration en y précisant, en outre, les mesures qu'ils mettent en œuvre afin de garantir le respect des dispositions" du protocole sanitaire, selon le décret du 10 juillet 2020.
Les autorités sanitaires pas informées
Et une fois des cas de contaminations rapportés, la communauté de l'Emmauel n'a pour autant pas prévenu l'Agence régionale de santé (ARS) de Normandie, ni les différentes Caisses primaires d'assurance maladie (CPAM), en charge de lister et de prévenir les cas contacts.
"Je ne comprends pas pourquoi les organisateurs ne se sont pas manifestés auprès de nous. Le tracing est tributaire de ce que les gens veulent bien nous dire", déplore auprès de Ouest-France Mathieu Frécaut, directeur de la CPAM de l’Orne.
L'origine des participants pourrait être un élément d'explication: aucune contamination issue du rassemblement n'a pour l'heure été communiquée dans l'Orne, elles l'ont toutes été dans les départements où résident les fidèles infectés et non là où se déroulait le pèlerinage.