Covid-19: la France a-t-elle atteint le pic de la nouvelle vague de contaminations?

Un patient se fait tester au Covid-19, à Paris, le 23 décembre 2021 - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP
On pouvait avoir tendance à l'oublier avec l'assouplissement des restrictions sanitaires, mais le Covid-19 est toujours là. Avec une augmentation à la fois des cas de contamination, des hospitalisations et des décès sur les sept derniers jours, la pandémie montre qu'elle est encore bien active en France, alors que le ministre de la Santé Olivier Véran évoquait un possible pic des contaminations fin mars.
+18% de contaminations en une semaine
Tous les indicateurs sont à la hausse. Avec 139.967 cas quotidiens détectés en moyenne du 25 au 31 mars, les contaminations connaissent une hausse de 18,2% en une semaine, selon CovidTracker.
Même chose, de façon moins marquée, pour les personnes hospitalisées, dont le nombre est en hausse de 8% sur sept jours, le nombre de patients pris en charge en soins critiques qui augmente de +3,6%, et le nombre de décès quotidiens, qui croît lui de 5,8%.
"La pandémie n'est pas du tout terminée, (les chiffres) montent tranquillement", met en garde Morgane Bomsel, directrice de recherche au CNRS, auprès de BFMTV.com.
"Le coefficient R, le taux de reproduction du virus, reste très nettement supérieur à 1. Tant qu'il ne redescend pas sous le 1, on n'aura atteint ni pic, ni plateau", abonde l'épidémiologiste Yves Buisson dans La Dépêche.
L'assouplissement des restrictions et Omicron BA.2 en cause
Cette tendance est liée essentiellement à deux facteurs, pour la virologue. D'une part, l'assouplissement des restrictions sanitaires, avec entre autres le port du masque essentiellement limité aux transports en commun, et d'autre part, la virulence du sous-variant Omicron BA.2, particulièrement transmissible.
Concernant la levée de la plupart des restrictions le 14 mars dernier, Yves Buisson dénonce une date qui "n'était pas raisonnable" et "n'avait aucune justification sur le plan épidémiologique". Morgane Bomsel parle de son côté d'une "décision politique".
Y a-t-il alors raison de s'inquiéter? La chercheuse rappelle d'abord que les chiffres restent loin de ceux observés au pic de l'épidémie, quand en janvier dernier on comptait 464.769 nouveaux cas sur les dernières 24 heures.
Elle rappelle également que la question "n'est pas les contaminations, mais les personnes en soins critiques et les décès", ces deux derniers éléments connaissant une hausse plus faible. Leur augmentation reste malgré tout "un problème", estime-t-elle.
Le froid plutôt favorable au virus
Pour la suite, "il est très difficile de dire si la tendance va se poursuivre", déclare Morgane Bomsel. Mais la météo peu clémente de ces derniers jours, marquée par un retour du froid, pourrait contribuer à ce que les contaminations se poursuivent.
"Si on reste dedans, on est plus susceptible d'attraper le virus", rappelle-t-elle.
La tenue prochaine des deux tours de la présidentielle inquiète également la virologue. Elle estime que les contaminations pourraient "très probablement" continuer à augmenter après le scrutin, alors que le gouvernement avait annoncé que les personnes testées positives pourraient elles aussi déposer un bulletin dans l'urne. "On vote dans une salle souvent mal aérée, bas de plafond, on attend", énumère-t-elle.
"Il m'aurait semblé plus responsable d'imposer que pour aller voter, on porte un masque, quitte à le donner", estime-t-elle.
Le fondateur de CovidTracker Guillaume Rozier se veut plus optimiste. Il note une légère baisse du nombre de cas quotidiens depuis samedi 2 avril par rapport à la semaine précédente et la tendance pourrait se poursuivre, selon lui. "On devrait observer une baisse demain et mercredi", écrivait-il lundi sur Twitter.
En attendant que la baisse se confirme, pour Morgane Bomsel, le port du masque à l'intérieur et le respect des gestes barrières restent bien d'actualité. "Dans les endroits avec promiscuité, les gens devraient faire attention", rappelle-t-elle.