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Covid-19: faut-il déconfiner les Alpes-Maritimes le week-end?

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Malgré la volonté de Christian Estrosi, plusieurs indicateurs montrent la nécessité de poursuivre le confinement le week-end à Nice et ses alentours.

"Je ne l'envisage pas du tout." Alors que Nice et plusieurs communes du littoral des Alpes-Maritimes ont connu leur deuxième, et ce qui aurait du être le dernier, week-end de confinement, Christian Estrosi a fait le point ce dimanche sur la situation sanitaire dans la région.

Interrogé par le quotidien Nice-Matin, le maire de la préfecture du département souhaite que la quarantaine de fin de semaine ne soit pas reconduite pour les semaines à venir.

"Sachant que les indicateurs dont je dispose aujourd’hui montrent que nous sommes déjà sur une baisse régulière du taux d’indice de circulation qui ne devrait pas justifier un troisième week-end de confinement", explique-t-il auprès du quotidien régional.

Certains chiffres encore inquiétants

Nice et les Alpes-Maritimes sont-elles sorties d'affaire? Si le taux d'incidence du département a bel et bien baissé, passant de 600 nouveaux cas pour 100.000 habitants à 487 actuellement, d'autres données continuent d'inquiéter. C'est le cas de la pression hospitalière qui est encore de 137% sur l'ensemble des établissements du département. En outre, les patients actuellement en réanimation sont au nombre de 122 alors qu'en temps normal, seuls 89 lits sont disponibles.

Interrogé sur l'effet du confinement, Michel Carles, chef du service infectiologie du CHU de Nice, estime qu'il est prématuré d'établir si ce dernier a un impact ou non.

"C'est l'inverse, on a des taux d’hospitalisation qu’on a jamais eus. Il y a une augmentation des réanimations", énumère-t-il, soulignant qu'il est "trop tôt pour voir s'il y a un effet". "Il existe un décalage de 10 à 14 jours", rappelle-t-il.

La temporalité est d'ailleurs extrêmement importante ici. La baisse des contaminations avait en réalité commencé avant la décision du confinement le week-end, comme si la crainte d'une mesure encore plus coercitive avait eu pour effet de faire baisser les contaminations.

"Ne pas relâcher la pression"

Les Alpes-Maritimes se retrouvent alors dans une situation quasi-inextricable. Dans les colonnes de Nice-Matin, Christian Estrosi souhaite "que les Niçoises et les Niçois puissent bénéficier d’un prochain week-end avec plus de liberté", tandis que les professionnels de santé appellent à bien plus de réserves.

"Il faut rester extrêmement prudents, ne pas relâcher la pression, la pression hospitalière est encore extrêmement forte", juge à notre antenne Hervé Cael, médecin urgentiste et conseiller municipal. Il est rejoint dans sa réflexion par Michel Carles, qui de son côté rappelle la virulence du variant anglais sur l'ensemble du territoire. "Sa présence était de 10% début janvier, maintenant elle est de 80 à 100%. Sa diffusion est l’une des raisons de la poussée épidémique", souligne-t-il.

Le salut des Alpes-Maritimes passera certainement par la vaccination massive, qui s'est déjà mise en place dans le département. En l'espace de 48 heures, 13.048 personnes supplémentaires ont été immunisées, portant le total" à près de 50.000 personnes dans la Métropole", a mis en avant le maire de Nice.

Pour les autorités locales, il est important de poursuivre cet effort de vaccination massive. "Je crois que la seule solution, la seule voie, c’est de vacciner le plus largement possible la population pour la protéger. C’est ce qui s’est passé ce week-end, c’est une bonne chose, mais il faut aller encore plus loin", préconise le maire LR de Grasse, Jérôme Viaud.

Tester massivement

Ce lundi matin a marqué également la rentrée des classes pour la zone niçoise. Dans les écoles, comme cela est déjà le cas dans d'autres établissements en France, des tests salivaires ont été déployés afin de repérer de potentiels nouveaux cas et de briser d'éventuelles chaînes de contamination. 6000 tests ont été réalisés dans une cinquantaine d'écoles ce jour, un chiffre qui devrait passer à 10.000 la semaine prochaine.

"Ça se passe très bien, et nous traitons les échantillons par la suite", affirme Henri Fontanet, en charge des prélèvements dans l'une de ces écoles, à notre antenne. Ce dernier précise également qu'une "étude épidémiologique" sera lancée avec les chiffres des tests salivaires du département.
François Pitrel avec Hugo Septier