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Covid-19: comment le vaccin pourrait réduire l'impact de l'épidémie sur le système de santé

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Dans son dernier avis, remis le 12 janvier aux autorités et rendu public vendredi, le Conseil scientifique explore, au moyen d'un modèle scientifique, l'effet de la vaccination sur l'impact de l'épidémie sur le système de santé.

Les schémas ont de quoi apaiser quelques inquiétudes, et notamment parmi les soignants, mais pas de triompher. Dans son dernier avis, rendu le 12 janvier dernier aux pouvoirs publics mais dévoilé au public vendredi seulement, le Conseil scientifique a ainsi révélé les enseignements de projections portant sur l'effet de la campagne de vaccination sur le système de santé. Il apparaît, dans tous les scénarios examinés, que la vaccination va diminuer l'effet de l'épidémie de Covid-19 sur les capacités des hôpitaux.

Difficile à dire pour le moment quand son efficacité jouera à plein en revanche: tout dépendra de la date de l'augmentation des transmissions des variants, recrudescence qui semble inévitable.

Un modèle riche en critères

Ces conclusions proviennent en fait de travaux réalisés par la Haute Autorité de Santé qui a employé, après l'avoir adapté, un modèle mathématique utilisé par l'Institut Pasteur pour envisager les trajectoires du virus au sein de la population. Cette fois, la Haute Autorité de Santé a mis l'outil à contribution pour jauger les retombées à attendre de la campagne de vaccination.

Le Conseil scientifique a précisé les critères retenus par le modèle: la pyramide des âges, les intéractions sociales, la sévérité de l'infection, la présence éventuelle de comorbidités, les parcours d'hospitalisation. Toutefois, il note que le modèle n'est pas applicable en ce qui concerne les stratégies vaccinales autour des "risques spécifiques", à savoir ceux que connaissent les soignants, les EHPAD.

"Nous faisons l’hypothèse que l’efficacité vaccinale contre les formes graves est de 90% et nous ignorons pour cette première période l’impact du vaccin sur la transmission. Nous considérons une stratégie de vaccination qui considère l’ordre de priorité suivant: on commence par vacciner les personnes de + de 75 ans ; lorsque 70% du groupe est vacciné, on passe au groupe des 65-74 ans ; et de même lorsque 70% des 65-74 ans est vacciné, on passe au groupe des 50-64 ans", développe l'avis.

3 dates de recrudescence du virus, sans mesures supplémentaires: le premier scénario

Les scientifiques ont planché sur une trajectoire des contaminations dans la population stable jusqu'à une nette augmentation des cas en raison de la montée en puissance des variants. Leur modèle fait ici abstraction du renforcement probable des mesures de restriction en pareille situation, renforcement qui pèserait nécessairement sur le taux de contagion.

Dans cet exemple (voir les dessins copiés ci-dessous), ils ont de plus postulé trois dates possibles pour la hausse des cas due aux variants: les 1er février, 1er mars, 1er avril. Pour chacune de ces dates correspond une couleur, respectivement le bleu pour le 1er février, le orange pour le 1er mars et le violet pour le 1er avril. Les lignes en pointillés montrent l'efficacité de la vaccination qu'il s'agisse du nombre des admissions et de l'occupation des lits de réanimation.

L'effet de la campagne de vaccination selon le modèle mathématique de la haute Autorité de Santé.
L'effet de la campagne de vaccination selon le modèle mathématique de la haute Autorité de Santé. © Avis du Conseil scientifique

Ainsi, si l'effet de la vaccination est indéniable, il est différé selon le moment où s'accomplira la montée en puissance des variants.

"Par exemple, par rapport à un scénario sans vaccin, la campagne de vaccination permet de réduire le nombre d’hospitalisations au pic de 20%, 33% et 44% selon que le taux de transmission augmente le 1er février, le 1er mars ou le 1er avril respectivement. De même, grâce au vaccin, le nombre de lits de soins critiques au pic est réduit de 11%, 20% et 37% lorsque la transmission augmente le 1er février, le 1er mars ou le 1 er avril, respectivement", explique le Conseil scientifique.

Un second scénario qui imagine un serrage de vis

Tandis que cette première projection partait d'un taux de reproduction du virus fixé à 1,5, le modèle en a produit une seconde, imaginant cette fois une réduction de ce taux de reproduction à 1,2 grâce à un durcissement des mesures. Le différentiel (visible grâce aux dessins copiés ci-dessous) entre l'absence de vaccination et le déroulement de la campagne est plus clair encore.

Le modèle en cas de nouvelles mesures.
Le modèle en cas de nouvelles mesures. © Avis du Conseil scientifique

Les quatre schémas ont un autre point commun: aucun d'entre eux n'envisage que la crise prenne fin avant le dernier trimestre de l'année.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV