Covid-19: comment devrait s'organiser la vaccination des 5-11 ans, approuvée par le comité d'éthique

Depuis mercredi, les enfants âgés de 5 à 11 ans vulnérables - c'est-à-dire dont la santé les expose à un risque particulier en cas d'infection par le Covid-19 - peuvent recevoir une dose de vaccin. Mais ce vendredi, c'est encore une nouvelle étape qui s'annonce: le Comité consultatif national d'éthique a en effet validé au travers d'une conférence de presse l'extension de la campagne à l'ensemble de cette classe d'âge, sans distinction.
Si les modalités de ce nouveau volet de la lutte contre le virus restent à définir avec plus de netteté, plusieurs éléments paraissent établis. Et autorités politiques et sanitaires sont déterminées à aller vite en la matière.
• Un Conseil de défense sanitaire déterminant
"Il est important de vacciner les enfants et que cette vaccination soit bien suivie". Ces mots sont ceux qu'a choisi l'obstétricienne Alexandra Benachi, membre du CCNE, ce vendredi matin au moment de présenter devant la presse l'avis de son instance concernant la possibilité de vacciner tous les 5-11 ans. Cette conclusion, qui ne faisait guère de doute, avait été transmise la veille à l'exécutif.
Et c'est de celui-ci que dépendent les suites immédiates et concrètes de cette annonce. Le Conseil de défense sanitaire qui se tient ce vendredi à l'Élysée à partir de 16h sera décisif. Sans surprise, il devrait officialiser cet agrandissement de la vaccination. Le gouvernement s'est en effet engagé à suivre les recommandations du Comité.
Le premier enjeu auquel faire face sera d'abord numérique pour les autorités. Le public des 5-11 ans éligible depuis mercredi à l'administration d'une dose de vaccin était réduit à 360.000 individus. Cette fois, il en comprend six millions.
• Pas de pass sanitaire à l'école
Si nous sommes encore suspendus à l'issue du Conseil de défense sanitaire et au dispositif qu'il retiendra pour immuniser les plus petits, une mesure semble d'ores et déjà exclue: l'instauration d'un pass sanitaire dans le cadre scolaire.
Invité jeudi de la matinale de France Info, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a ainsi écarté: "Ce n'est pas la doctrine que nous avons eu jusqu’à présent. L'idée, c'est une école ouverte qui permet à tous les enfants d'être scolarisés". Il a en revanche nuancé au moment d'aborder les activités sportives et "périscolaires", reconnaissant que dans ce cas cette restriction était "moins impensable".
• Les mêmes lieux de vaccination que pour les adultes
Six millions d'enfants à vacciner potentiellement... Mais où? Le souci occupe l'esprit du gouvernement depuis une dizaine de jours au moins. Ainsi, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a promis, lors d'une conférence de presse tenue en commun le 6 décembre dernier avec Jean Castex: "Nous organisons toute la logistique pour être prêts et ne pas perdre la moindre journée pour cette vaccination des enfants".
La possibilité d'installer la vaccination au sein même des écoles primaires n'a en tout cas jamais été mise à l'ordre du jour. En revanche, durant ce face-à-face avec les journalistes, le ministre avait affirmé que les inoculations auraient lieu via "les mêmes réseaux que les adultes", à savoir les centres de vaccination, les cabinets de médecine de ville ou encore les pharmacies.
• Un lancement pour le 20 décembre?
Préciser les contours de cette validation de la vaccination de l'ensemble des 5-11 ans, c'est aussi en avancer la date. Là-dessus aussi, Olivier Véran a apporté de premiers éléments le 6 décembre dernier. Le début de la campagne devrait être différencié suivant les lieux où on amènera son enfant.
"En pratique, cela pourrait commencer aux alentours du 20 décembre pour ce qui concerne les centres de vaccination, et du 27 décembre pour ce qui concerne la médecine de ville et les pharmacies", a-t-il ainsi affirmé.
• Une dose adaptée
Les 5-11 ans, public particulièrement sensible, ne pourront pas recevoir n'importe quelle dose du vaccin. On leur administrera en effet une solution spécifique. Tout d'abord, ils seront traités exclusivement à base de Pfizer/BioNTech, ou "Comirnaty", selon la dénomination de sa version destinée aux enfants, comme le note ici Ouest France.
Surtout, ils recevront une dose plus diluée que celle réservée à leurs aînés. Tandis que passé 12 ans, la masse de l'injection est de 30 microgrammes, elle sera divisée par trois en ce qui les concerne. Il s'agit là d'une préconisation de la Haute Autorité de Santé.
• Mener la bataille de l'opinion
Mais, comme toujours depuis le début de la pandémie, il est une autre bataille, se déroulant en arrière-plan de la lutte sanitaire, que les autorités devront remporter. Insistant naturellement sur la nécessité de convaincre les parents avant toute vaccination de ces enfants en bas âge, il faudra donc chercher leur adhésion.
Or, celle-ci semble pour le moment un brin contradictoire. D'après un sondage BVA pour RTL et Orange, 55% des Français approuvent pourtant la vaccination des 5-11 ans... mais 62% des parents sont hostiles à l'idée de la voir pratiquer sur l'épaule de leur enfant.
Le phénomène est mondial. En Israël, pays pionnier de la vaccination anti-Covid-19, l'enthousiasme autour de cette campagne infantile n'est pas franchement délirant. "8 à 10% des enfants israéliens ont reçu ce vaccin trois semaines après le début de leur vaccination. Il y a de l'hésitation quand même, il y a moins de précipitation comparé à ce qu'on a observé pour d'autres tranches de la population", avait admis mercredi sur notre antenne le professeur Cyrille Cohen de l'Université Bar-Ilan de Tel Aviv.
Alexandra Benachi, l'obstétricienne ayant pris la parole ce vendredi au nom du CCNE, est intervenue sur notre antenne en milieu de matinée. Elle a aussi resitué le débat sur un plan global: "Aux États-Unis (où on vaccine les 5-11 ans depuis le 3 novembre dernier déjà, NDLR) seulement 25% des enfants ont été vaccinés parce qu'il y a les mêmes réticences".
Mais comment vaincre ces peurs? La spécialiste a déployé son argumentaire: "Je leur dis qu'il faut qu'ils aillent discuter avec la personne qui soigne leur enfant, soit le pédiatre, soit le généraliste, ou des personnes habituées à prendre en charge des enfants, qui vont leur expliquer la balance bénéfices-risques pour leur enfant parce que c'est quand même le déterminant principal".
"On ne peut pas dire qu'il n'y a pas de risque en terme de morbidité, de mortalité pour les enfants. Alors, la mortalité, c'est extrêmement faible pour les enfants qui n'ont pas de comorbidités mais la morbidité, c'est-à-dire le risque d'être hospitalisé, c'est un enfant sur 2000 ou 4000 parmi les enfants infectés", a-t-elle poursuivi.
Alexandra Benachi a achevé: "La tranche d'âge 5-11 ans est la tranche d'âge où le virus circule le plus, ce qui est normal puisqu'ils ne sont pas vaccinés".
Bien qu'ils demeurent faibles, les chiffres de la diffusion du virus parmi les enfants, depuis les nouveaux-nés jusqu'aux enfants âgés de 9 ans, sont d'ailleurs au plus haut actuellement. La semaine dernière, on dénombrait 210 nouvelles hospitalisations. Le taux d'incidence s'élève à 637 pour 100.000 individus et même 1077 parmi les 6-10 ans. Jeudi soir, on déplorait encore 122 enfants hospitalisés dans ce public et 28 se trouvaient en soins critiques.
Un tableau que soignants et dirigeants espèrent donc changer, à force de patience.
