Coronavirus: les hôpitaux français sont-ils prêts à affronter l’épidémie?

Le système de santé français est-il prêt à faire face à la diffusion du Covid-19 dans l’Hexagone? Afin d’éviter la saturation brutale des hôpitaux, le gouvernement multiplie les mesures visant à freiner sa propagation. Dimanche, le ministre de la Santé a annoncé que "tous les rassemblements de plus de 1000 personnes étaient désormais interdits", et que les crèches et écoles des régions les plus touchées devaient rester fermées.
Sur le plan sanitaire, Olivier Véran s’est voulu rassurant et a affirmé que le pays était prêt à accueillir dans les meilleures conditions les personnes touchées par la maladie infectieuse. Une efficacité due à un système de santé qui peut compter sur deux piliers: la médecine de ville et les hôpitaux.
"Tout le système de santé est sollicité"
"L’ensemble du système de santé est actuellement sollicité", explique sur BFMTV Bruno Lina, professeur de virologie aux hospices civils de Lyon. "Si on veut gérer une épidémie correctement, il faut qu’il y ait une combinaison entre les actions de la médecine de ville pour les malades les moins graves, et l’hôpital pour les patients les plus à risques."
5000 lits de réanimation et 7300 lits de surveillance continue sont disponibles pour prendre en charge les cas sévères, quand nos voisins italiens n’en comptent que 6000.
"Nous disposons d’un système adapté et proportionnel à la crise, abonde Rafik Massmoudi, médecin urgentiste à l’hôpital européen Georges Pompidou. Les mesures sont mises en œuvre en fonction de la propagation du virus. On a anticipé beaucoup de choses et on apprend sur les expériences des autres", observe-t-il d’un ton serein sur notre antenne.
"On est prêts"
Samedi, le ministère de la Santé a d’ailleurs étendu son "plan blanc" à tous les hôpitaux et cliniques de France afin de garantir la mise en œuvre rapide des moyens indispensables en cas d'afflux de patients. Ainsi, à Mulhouse, où un important foyer de l’épidémie a été détecté après un rassemblement évangélique fin février, l’hôpital a annoncé le report des opérations les moins urgentes afin que tout le personnel soignant soit opérationnel pour gérer la maladie infectieuse.
"On est prêts, l'ensemble du personnel est là et je pense que si on a besoin de notre compétence, on sera disponibles", a assuré dimanche sur Europe 1 le docteur Afif Ghassani.
A Bourges, l’hôpital réserve d’ores et déjà l’un de ses deux boxes d’isolement aux personnes de la région qui seraient éventuellement suspectées d’être atteintes du coronavirus. "Dans ce box, le patient se changera et revêtira des habits à usage unique. Tout un protocole de protection est prévu pour les personnels soignants: masque, lunettes, blouse, charlotte et gants", détaille à France Bleu Bénédicte Labbens, médecin urgentiste. S’il est positif au Covid-19, le patient sera transféré dans le service des maladies infectieuses de l’établissement, quatre chambres sont prévues à cet effet.
Désengorger les hôpitaux avec la téléconsultation
Olivier Véran a également décidé de faciliter les démarches pour les téléconsultations: à partir de ce lundi, "chaque patient pourra, sur tout le territoire, avoir accès à une téléconsultation quand il en aura besoin", a-t-il décrété.
Une mesure importante qui permet "de désengorger les hôpitaux et d’éviter que des personnes se rendent dans un endroit où le risque d’acquérir l’infection est supérieur que si elles étaient restées chez elles", note sur notre antenne Enrique Casalino, directeur médical et chef des urgences à l’hôpital Bichat.
"On anticipe le coup d’après"
La France tente d'avoir un coup d'avance sur l'épidémie afin de ne pas se retrouver débordée comme l'Italie, qui compte plus de 7375 malades dont 366 morts. Ce week-end, la Société italienne d'anesthésie, d'analgésie, de réanimation et de soins intensifs a publié un texte dans lequel elle annonce devoir faire des choix:
"Compte tenu du flux de malades qui augmente d’heure en heure, du nombre restreint de lits de thérapie intensive et du fait que de nombreux médecins et infirmiers sont eux-mêmes atteints par le virus et en quarantaine, nous devons privilégier les jeunes et ceux qui ont plus de chance de s’en sortir."
Une situation que la France devrait pouvoir éviter, selon les experts. "Les Italiens poussent un cri d’alerte, ils ont besoin de moyens. Mais je ne pense pas qu’on arrivera à un stade où on va devoir choisir entre un patient et un autre en fonction de l’âge", affirme Rafik Massmoudi. "On s’adapte, on anticipe le coup d’après", analyse Alain Ducardonnet, consultant santé de BFMTV. Une anticipation qui permet pour l’heure de garder le dessus sur l’épidémie.