Coronavirus en Italie: plus d'entrées ni de sorties des zones foyers de l'épidémie

Le gouvernement italien a adopté ce samedi un décret-loi spécial qui prévoit l'interdiction d'entrer et de sortir des zones considérées comme des foyers de l'épidémie de coronavirus. Celle-ci touche près de 80 personnes dont deux sont décédées entre vendredi et ce samedi.
"Dans les zones considérées comme des foyers, ni l'entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière", a déclaré le Premier ministre italien Giuseppe Conte, annonçant aussi la fermeture des entreprises et des écoles, ainsi que l'annulation des événements publics. La zone principale se trouve autour de Codogno, à 60 kilomètres de Milan.
Foyer à Cotogno
A l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire de plus de quatre heures et au terme d'une journée de réunions tous azimuts, Giuseppe Conte a aussi annoncé la fermeture des entreprises et des établissements scolaires de ces zones ainsi que l'annulation des évènements publics (carnavals, compétitions sportives, sorties scolaires, etc.).
Le foyer principal se trouve à Codogno, à 60 km au sud de Milan. Dans cette ville et neuf localités voisines, tous les lieux publics (bars, mairies, bibliothèques, écoles) sauf les pharmacies sont fermés depuis vendredi soir. L'autre zone est le village de Vo' Euganeo où a été annoncé vendredi soir le premier décès d'un Italien (et Européen), un maçon de 78 ans nommé Adriano Trevisan. Le deuxième décès, d'une femme du même âge, s'est produit près de Codogno dans la nuit.
Selon Giuseppe Conte, les mesures d'isolement concerneront environ 52.000 personnes dont 47.000 près de Codogno, "mais les personnes pourront circuler à l'intérieur de ces zones".
Points de contrôle
Au besoin pour surveiller les points de contrôle, Giuseppe Conte a dit qu'il enverrait l'armée. Le décret-loi prévoit des sanctions pouvant aller jusqu'à trois mois de réclusion. Le chef de la protection civile, Angelo Borelli, a annoncé un total de 79 malades à ce jour, dans lesquels il a inclu trois contaminations connues depuis des semaines, contractées hors d'Italie.
Les nouveaux cas sont au nombre de 76, dont 54 pour la seule Lombardie et 17 en Vénétie. Trois autres, deux en Emilie-Romagne et un dans le Piémont, dérivent apparemment du foyer de Codogno. Sur le total de personnes testées positivement, 13 sont en thérapie intensive, 33 hospitalisées avec des symptômes et 11 simplement en isolement à domicile.
Selon les autorités de Lombardie, le foyer de cette région a pour origine Mattia, un chercheur de 38 ans, "le patient 1", hospitalisé en soins intensifs depuis mercredi à Codogno et transféré samedi à Pavie. Sa maladie est un mystère car il est exclu qu'il ait été contaminé par l'un de ses amis revenu de Chine en janvier.
"Sur la base des tests effectués, (l'ami) n'a pas développé les anticorps", a indiqué le ministre adjoint de la Santé, Pierpaolo Sileri.
Rues désertes
Dans l'"épicentre du foyer", Codogno - 15.000 habitants - les rues étaient désertes pour un samedi soir.
"Nous avons tous peur, mais on croise les doigts, nous espérons que tout ira bien", raconte Rosa, une pharmacienne, en disant craindre "des problèmes de ravitaillement dans les prochains jours".
Les trains de la société privée Trenord ne s'arrêtent plus dans les gares de Codogno et deux villes voisines, habitées par beaucoup de personnes travaillant dans la métropole de Milan, capitale économique italienne.
A Codogno, des panneaux lumineux annoncent: "Coronavirus, la population est invitée à rester chez elle, par mesure de précaution". Des pancartes ont été placées sur les écoles, les églises, les salles de sport, les bibliothèques, les bars, restaurants et discothèques.
Erika, serveuse dans un restaurant qui a fermé pour 15 jours, avoue avoir "un peu peur car on peut tous être contaminés". "Nous achetons des provisions de nourriture car on ne sait pas si les supermarchés resteront ouverts", ajoute-t-elle, en soulignant que la famille a acheté des boissons "pour passer une soirée tranquille" mais "tous enfermés à la maison".
Contaminations involontaires
Très sportif, le patient 1, cadre de la multinationale américaine Unilever, a participé à plusieurs marathons début février. Un total de 120 salariés du siège local sur 160 ont été testés. Involontairement, il a contaminé sa femme enceinte de 8 mois, un ami avec lequel il jouait au foot et trois habitués d'un bar local. Les autres cas du foyer sont des médecins, des aide-soignants, et des patients de l'hôpital de Codogno qui ont infecté leur entourage.
En Vénétie, sous le choc d'avoir enregistré le premier mort italien, les autorités ont soumis à des tests des ressortissants chinois qui fréquentaient le bar de Vo' Euganeo, comme le maçon Adriano Trevisan.