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Comment le gouvernement veut soutenir les "aidants", ces personnes qui s'occupent de leurs proches âgés, malades ou handicapés

Il y a actuellement entre 8 et 11 millions de proches aidants, un chiffre qui devrait augmenter selon le gouvernement

Il y a actuellement entre 8 et 11 millions de proches aidants, un chiffre qui devrait augmenter selon le gouvernement - iStock

Le gouvernement lance ce mercredi des mesures visant à soutenir, et notamment rémunérer, les proches aidants, ces personnes qui s'occupent de leurs proches malades ou handicapés, parfois en plus d'une activité professionnelle.

Ils représentent entre 8 à 11 millions de personnes en France. Ce mercredi, le gouvernement lance un plan de soutien pour les aidants, ces personnes qui viennent "en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel" à un proche en difficulté, parce qu'il est en perte d’autonomie pour des raisons liées à l’âge, un handicap ou encore une maladie. Ce rôle est définit par la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement.

La majorité de ces aidants ont entre 50 et 64 ans (37%), et sont des femmes (57%), selon le Baromètre 2019 de la Fondation April et BVA. Ces personnes viennent généralement en aide à un membre de leur famille (90%), la plupart (52%) sont des enfants venant en aide à leurs parents en difficulté. Et leur nombre va croître dans les années à venir, selon le gouvernement: sur le seul champ des personnes âgées, il y aura trois fois plus de personnes de plus de 85 ans en 2050.

Soins, ménage, toilette, déplacements, démarches administratives... Ces proches peuvent être en charge de nombreuses parties de la vie de la personne en difficulté. Un tâche pouvant s'avérer lourde au quotidien, surtout si l'aidant travaille.

  • Une aide financière avec le congé indemnisé

La mesure phare de ce plan concerne la mise en place d'un congé indemnisé pour le proche aidant. D'après le baromètre, 61% des aidants travaillent, et doivent régulièrement prendre des congés pour venir en aide à leurs proches. Jusque là, c'est un congé sans solde qui existe.

Le gouvernement compte proposer aux aidants trois mois de congés payés, à hauteur de 52 euros par jour pour une personne seule, 43 euros pour quelqu'un vivant en couple, soit le même montant que l’allocation journalière de présence parentale. Ce congé pourra dès janvier 2020 être pris tout de suite à l’arrivée en entreprise, sans attendre un an comme c'est le cas actuellement pour le congé sans solde.

"Ce congé indemnisé pourra s'étendre jusqu'à 3 mois dans une carrière, avec une très grande souplesse. On pourra le prendre par exemple pour une demi-journée", a expliqué Agnès Buzyn, ministre de la Santé, sur BFMTV.
  • La reconnaissance d'une activité
Ces proches aidants "évoquent cependant un besoin de reconnaissance de leur engagement, tant ils se sentent parfois 'oubliés' dans une société qui leur demande beaucoup", écrit le Premier ministre Édouard Philippe dans la présentation du dossier concernant les aidants.

Le projet tente d'aller en ce sens. Ainsi le congé payé donnera "des droits à la retraite, donc il est comptabilisé comme une activité", a assuré Agnès Buzyn. Ensuite il ne pèsera pas sur les allocations chômages: "Si par exemple le revenu baisse à cause de ce congé, parce que les indemnités sont moins fortes que le salaire, ce ne sera pas pris en compte pour les droits aux allocations chômage". Ce congé sera mis en place dès octobre 2020, selon le gouvernement.

L'idée est également de maintenir un lien entre les aidants et le monde du travail, par exemple en poussant les entreprises à s'engager auprès de leurs salariés aidants. Ou en mettant en place, en 2021, un système de reconnaissance de l’expérience acquise en tant que proche aidant.

  • Un accompagnement plus important

Le gouvernement prévoit de mettre en place dès 2020 un numéro téléphonique national pour les proches aidants, notamment pour leur offrir un premier niveau d'information et les orienter vers des interlocuteurs qualifiés. Un réseau de lieux dédiés au sujet (2020) et une plateforme numérique (2022) seront également créés.

En 2017, l’association française des aidants avait déjà lancé un programme de formation en ligne pour les aidants, afin de les aider à mieux vivre ce rôle.

Le plan gouvernemental comprend un financement prévu pour 3 ans, à hauteur de 400 millions d'euros, dont 105 millions pour le répit. Cette dernière somme sera notamment dédiée aux capacités d'accueil temporaire de personnes en difficulté, afin que des professionnels puissent régulièrement prendre le relais du proche aidant.

Salomé Vincendon