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CARTES. Urgences: Normandie, Bretagne... Région par région, quelle est la durée de passage des patients?

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La moitié des Français passent plus de 3 heures aux urgences entre leur arrivée et leur départ selon les statistiques nationale de la Drees. De nouvelles données publiées le 12 mai montrent des disparités entre les régions, et à l'échelle des départements.

En France, la durée passée dans les services d'urgences est relativement longue. Une étude de la Drees parue le 19 mars dernier révélait une durée médiane de 3 heures entre l'entrée du patient et sa sortie. Un temps tiré vers le haut par les difficultés du système de santé français, qui pousse de plus en plus de malades vers les urgences, dans des services eux même en tension.

De nouvelles données du même organisme, publiées le 12 mai, viennent mettre en lumière des réalités très différentes en fonction des régions de la métropole, et même au sein de celle-ci, avec des durées médianes différentes selon les départements de l'Hexagone.

"L’enquête Urgences 2023 a été réalisée le mardi 13 juin 2023, de 8 heures le matin au lendemain à 8 heures. La date a été choisie hors période de vacances scolaires et d’épidémies saisonnières, un jour d’activité moyenne en semaine", précise l'organisme.

Il s'agit donc d'une étude menée sur une seule journée, une sorte de photographie à un instant donné des passages aux urgences. "Les données ne sont donc pas représentatives de l’activité globale annuelle ni hebdomadaire des urgences", précise d'ailleurs l'organisme.

Ce sont ainsi 58.500 patients répartis à travers 719 centres d'urgences en France qui ont été comptabilisés.

Des différences entre les régions: un Ouest très disparate

Dans les régions, d'abord, trois ont le temps d'attente le plus long: les Pays de la Loire (3h48), suivie ex aequo de la Bretagne et de la Nouvelle-Aquitaine, avec un temps médian de 3h30. Dans cette dernière région du sud-ouest, 25% des patients ont attendu 6h18 ou plus.

À l'inverse, deux régions s'en tirent mieux, la Normandie en tête avec 2h36 écoulées entre l'enregistrement administratif et la sortie du patient. L'autre bon élève, la Bourgogne-Franche-Comté avec 2h48.

En Île-de-France, le jour de l'étude, 11.647 personnes ont été sondées, et la moitié d'entre-elle a passé moins de 3 heures dans l'enceinte des urgences. Pour un quart des sondés, la prise en charge a dépassé les 5h30.

Deux fois plus long dans le Cher que dans l'Orne

Au sein même des régions, des écarts se creusent. Par exemple, pour la Normandie, l'attente est bien moindre dans l'Orne (1h54) que dans l'Eure ou le Calvados (2h42). Il en va de même dans la région Pays de la Loire ou un département tire l'ensemble vers le bas: la Loire-Atlantique.

Le jour du sondage mené dans le département de Nantes, le temps médian d'attente était de 5h06, avec 25% des patients étant restés 9h48 au sein du service! Il ne s'agit même pas du record d'attente, porté par le Cher. Les personnes y sont restées 5h12, avec pour un quart d'entre eux 11h42 ou plus au sein du service.

Comment expliquer des temps parfois si long? En mars, Louis Soulat, vice-président de SAMU-Urgences de France et responsable du SAMU et des urgences au CHU de Rennes, a prêté à BFMTV son analyse. D'une part la réduction de l'offre de médecine de ville pousse les personnes à recourir aux services d'urgence, de l'autre, les profils ont évolué sur une décennie.

"Il y a une évolution des patients qui sont aujourd'hui plus âgés, polypathologiques, qui ont plus besoin de soins d'hospitalisation et en 10 ans on a vu l'évolution de la démographie médicale de ces patients et l'impact des fermetures de lits avec un manque cruel de lit d'aval", analysait-il, à l'échelle nationale.

Margaux de Frouville, Tom Kerkour et Théophile Magoria