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Candy Crush: qu'est-ce qui nous y rend accro?

Avantages et inconvénients des jeux disponibles sur smartphones: on peut y jouer partout... jusqu'aux toilettes.

Avantages et inconvénients des jeux disponibles sur smartphones: on peut y jouer partout... jusqu'aux toilettes. - Olivier Laffargue - BFMTV

Parce que c'est simple et addictif, des jeux comme Angry Birds, Farmville ou Candy Crush séduisent de plus en plus de personnes. Accessibles depuis Facebook et sur smarphone, il est parfois difficile d'arrêter d'y jouer. BFMTV.com vous dit pourquoi.

Vous êtes accro à Candy Crush? Vous n'êtes pas seul. Chaque mois, 44 millions de personnes dans le monde jouent à ce casse brique sur Facebook. Ce jeu qui a pour seule mission de rapprocher des bonbons fluos pour gagner des points et passer au niveau supérieur rencontre un succès fou. Disponible sur téléphone, le jeu truste également les premières places des App Stores Android et Apple.

Alors, qu'est-ce qui nous rend accro à Candy Crush, Angry Birds, Ruzzle, Farmville, Paf le chien ou Draw Something? Comment ces petits jeux pour téléphones et réseaux sociaux ont réussi à nous séduire? Quelles sont les recettes des développeurs? BFMTV.com vous dit pourquoi vous y être accro et les risques qu'entraîne cette addiction.

Jeux simples pour petite compétition entre amis

Lancer des oiseaux dans Angry Birds, envoyer Paf le chien le plus loin possible ou aligner des bonbons dans Candy Crush, ces différent jeux ont la même recette: être marrants et simples. Autre point commun: ils sont basés sur un réseau social.

Dans Candy Crush, vos amis peuvent vous aider à aller plus vite mais aussi à voir à quel niveau vous êtes: "Il y a un esprit de rivalité, de concurrence lié à Facebook où l'on veut être au même niveau que ses amis", constate Michael Stora, psychologue et spécialiste du monde numérique. "Il faut surveiller les jeux dits gratuits car, à un moment où à un autre, on va vous proposer de payer", prévient Marc Valleur, psychiatre et addictologue. C'est comme cela que l'on se retrouve à payer pour l'agrandissement de sa ferme ou développer le coup d'aile de son oiseau.

La cible privilégiée: la ménagère

"Zynga [le développeur de Farmville et Mafia Wars, ndlr] a réussi a capter des gens seuls chez eux qui ne veulent pas jouer à des jeux compliqués. Il n'y a même pas de cédéroms à installer comme pour les Sims", analyse Daniel Ichbiah, auteur de La saga des jeux vidéo.

"Farmville est né en 2009 et, en moins d'un an, il a eu 63 millions d'abonnés. Comme pour la console Wii (Nintendo), ils ont touché un autre public: les ménagères", argumente-t-il. Et si Ruzzle, 94 secondes ou le Sudoko sur téléphone, s'inscrivaient dans la lignée de la belotte ou la réussite sur ordinateur?

Le sentiment de récompense

Ces jeux permettent aussi de se heurter au hasard, de se dire "et pourquoi, je n'aurais pas de la chance?". Ces jeux, avec leur légèreté et les petites victoires font du bien. "Les gens se disent: 'J'ai passé une sale journée mais j'ai réussi à passer au niveau 71 dans Candy Crush'", remarque Michael Stora. Pour ce psychologue spécialisé, "l'individu qui a peu de récompense dans la vraie vie reçoit ici une valorisation".

Concrètement, une combinaison astucieuse de bonbons dans Candy Crush vous gratifie d'un message de félicitations. C'est un bruit dans Ruzzle et des messages annonçant un nouveau record dans la plupart de ces jeux. Des petits plaisirs insérés dans une mécanique bien rodée, qui vous tiennent en haleine. Le spécialiste des jeux vidéo Daniel Ichbiah acquiesce: "Lorsque l'on a une récompense, elle est vite dépassée par une nouvelle mission, un nouveau défi dans le jeu."

La sensation de sociabilisation

Sur Ruzzle comme Draw Something, les joueurs peuvent converser, en parallèle des parties. Ces jeux deviennent alors des plateformes d'échange. "Candy Crush est beaucoup moins envahissant que World of Warcraft", modère le psychiatre Marc Valleur. Mais pour lui, "le vrai problème est que ces jeux peuvent servir d'illusion de sociabilisation sans réelle profondeur. Cela reste très superficiel."

"Il y a des risques de désociabilisation avec les autres parce que l'on prend plus de plaisir à jouer seul qu'à échanger réellement avec les autres", avertit Marc Schwob, psychiatre et chronobiologiste.

Prendre le temps de ne rien faire

"Le jeu en soi n'est pas une mauvaise chose mais il faut de l'autodiscipline. Ce qui m'inquiète, c'est la monomanie qui donne l'impression d'un paradis artificiel et le côté addictif où c'est le jeu qui contrôle l'utilisateur", analyse Daniel Ichbiah, spécialiste des jeux vidéo. Bien que les parties soient courtes, ces jeux restent très chronophages.

Difficile pourtant de résister. Avant de se coucher, dans le bus, aux toilettes, à la caisse du supermarché ou dans la salle d'attente du médecin, la tentation est forte et se loge dans la poche. Mais le chronobiologiste Marc Schwob prévient: "On a besoin de repos, de moments où l'on ne fait rien."

Marc Pédeau