Cancer: l'Académie de médecine recommande plusieurs mesures contre les inégalités d'accès aux soins

Le ruban rose, symbole d’Octobre rose, la campagne annuelle consacrée à la lutte contre le cancer du sein. - DANIEL GRILL/TETRA IMAGES/PHOTONONSTOP
L'accès aux soins en cancérologie "reste inégal sur le territoire" pour les adultes, souligne l'Académie nationale de médecine dans un rapport de 26 pages rendu public lundi 18 novembre, où elle fait une série de propositions pour tenter d'y remédier.
Les cancers restent la première cause de mortalité prématurée en France chez les hommes, la deuxième chez les femmes, et leur fréquence a doublé en une trentaine d'années, avec plus de 433.000 nouveaux cas en métropole en 2023.
L'Académie juge que "l'état actuel de la prise en charge diagnostique et thérapeutique ne semble pas homogène sur le territoire, de même que l'accès aux pratiques innovantes".
Et ce, "malgré les avancées considérables dans le champ des traitements (chirurgie robotisée, radiothérapie de haute précision, traitements médicaux ciblés et immunothérapie, soins de support...) et du diagnostic (pathologie moléculaire et génétique)".
Une campagne "Octobre Rose" sans grand effet
"Ces inégalités d'accès se sont peut-être amplifiées ces dernières années post-Covid, du fait des difficultés économiques et en ressources humaines rencontrées au niveau de la médecine de ville et des hôpitaux", ajoutent les auteurs du rapport.
Malgré une organisation de la cancérologie très structurée, il demeure des difficultés et des inégalités territoriales "tout au long du parcours de soins", alerte l'Académie de médecine.
Les politiques de prévention sont ainsi jugées "trop généralistes, insuffisamment financées, peu évaluées et concernant peu les populations à risque pour des raisons économiques ou socio-culturelles".
Le fameux "Octobre Rose", pour le dépistage du cancer du sein, est épinglé pour n'avoir débouché sur "aucune augmentation du nombre de mammographies de dépistage".
"Sans doute aurait-il été préférable d'effectuer un bilan précis de cette mobilisation et de mieux identifier les femmes non dépistées pour les sensibiliser", selon le rapport.
Une série de recommandations
L'Académie de médecine recommande donc "un ciblage précis et une évaluation des politiques de prévention" du cancer, mais aussi "une politique active de prévention" pour les patients guéris mais à haut risque de complications et de décès précoce ensuite.
Alors que la caractéristique génomique des tumeurs est "indispensable", le rapport plaide aussi pour une "interaction maximale" entre deux catégories d'analystes, les anatomopathologistes et les biologistes moléculaires. Il entend également remplacer les tests moléculaires sur un seul gène par des tests sur des groupes de gènes afin d'éviter une "perte de chance" pour les patients.
L'Académie défend aussi "une homogénéisation tarifaire entre les acteurs publics et privés, et ne fragilisant pas les traitements locorégionaux des cancers", qui agissent directement sur la tumeur ou sur la région de la tumeur.
Elle exhorte enfin à une politique d'incitation aux métiers de la cancérologie car, sinon, l'insuffisance de soignants pourrait augmenter les iniquités d'accès, voire la mortalité.