"C'est un peu comme être le premier homme sur la Lune": un Lyonnais remarche grâce à un exosquelette

"Ça a été une renaissance". Thibaut n'avait pas remarché depuis sa chute qui l'a rendu tétraplégique il y a quatre ans. Ce jeune Lyonnais de 28 ans fait partie d'un essai clinique mené à Grenoble sur un exosquelette contrôlé par la pensée.
"Un bouleversement"
Paralysé des quatre membres, il peut diriger cette sorte d'imposante armure motorisée grâce à des électrodes implantées dans le crâne. Les données sont ensuite transférées sans fil et en temps réel vers un ordinateur qui permet d'activer les différents membres de l'exosquelette, fruit de dix ans de recherches de plusieurs équipes.
"C'est un peu comme être le premier homme sur Lune. Faire un pas puis un autre (...) ça a été un bouleversement et une porte vers un monde que je ne pensais plus jamais accessible", explique le premier patient de cet essai. Et d'ajouter: "ça a été une étape pour me dire que j'étais capable de faire quelque chose dans ma vie malgré mon fauteuil et mon handicap".
Mais avant de pouvoir réaliser cet exploit, le jeune homme a dû s'entraîner de longs mois sur un simulateur installé chez lui.
"J'ai dû réapprendre petit à petit. La plasticité cérébrale fait qu'on retrouve les ordres à envoyer pour obtenir les bons mouvements, de manière beaucoup plus souple, beaucoup plus naturelle", explique Thibault, qui était cloué au lit depuis son accident.
Améliorer l'autonomie des personnes tétraplégiques
Résultat: il peut avancer les jambes du robot, plier le coude, lever les épaules...La suite de l'essai clinique permettra d'acquérir la capacité de saisir un objet avec la main ainsi que d'améliorer l'équilibre de l'exosquelette, le gros point faible de tous les robots de ce type. Un deuxième patient devrait se voir implanter des électrodes en novembre.
"Je ne pensais pas qu'on pourrait aller aussi loin", assure le Lyonnais, confiant son "plaisir" à "pouvoir faire avancer la science", en dépit de la fatigue liée à ces entraînements et du chemin restant. "Quand on a eu toutes les douleurs, toutes les souffrances que j'ai pu vivre, je n'ai aucune frustration, ça a toujours été un plaisir de pouvoir participer" à cette recherche.
S'il faudra encore de nombreuses années de recherche pour développer un exosquelette capable d'être utilisé au quotidien, cette interface testée par Thibaut pourrait permettre à moyen terme aux personnes tétraplégiques de diriger leur fauteuil roulant ou de guider un bras motorisé, qui améliorerait considérablement leur autonomie