RTT, loisirs... le vrai bilan des 35 heures pour les salariés

La réduction du temps de travail, surtout organisée pour offrir davantage de congés, améliorent le sentiment de bien-être au travail. - Thomas McGowan - CC - Flickr
Selon le principe des vases communicants, la réduction du temps de travail augmente celui consacré aux loisirs. Or les Français interrogés sur leurs priorités dans leur travail désignent justement comme première préoccupation le fait de préserver assez de temps libre, selon une étude publiée en mars 2017, menée par CSA pour JLL, conseil en immobilier d’entreprise.
Travailler moins pour le même salaire semble un pari gagnant côté salarié. En France, cela paraît évident. Ce n’est pourtant pas le cas partout. En Corée du Sud, la réduction du temps de travail (RTT) dans les années 2000 n’a pas eu d’impact sur le bien-être car cela s’est traduit par une intensification du rythme de travail et une augmentation du stress. "Ma prescription politique pour s’assurer que la réduction du temps de travail améliore le degré de satisfaction des salariés est de ne pas imposer une intensification du travail", en conclut Anthony Lepinteur, qui prépare une thèse sur le sujet à la Paris School of Economics.
A condition d’améliorer l’organisation du travail
Des études ont bien prouvé que le passage aux 35 heures devenu obligatoire en France à compter du 1er janvier 2002 a amélioré la productivité des Français. Mais selon le doctorant, pour que cela soit positif pour le salarié aussi, "cela doit être dû au fait que les salariés sont plus heureux d’aller au travail, ce qui les rend davantage productifs, pas aux exigences et objectifs qui ont été augmenté". Côté entreprise, cela semble être tout bénéfice également. En plus de l’augmentation de la productivité, l’absentéisme diminue, ainsi que le nombre de décisions de la part des employés de quitter leur emploi, ce qui réduit le turnover.
Les travailleurs de l’industrie sont davantage sensibles au passage des 35 heures, selon Anthony Lepinteur. "Dans ce secteur, la réduction du temps de travail semble s’être accompagnée davantage d’améliorations dans l’organisation du travail pour maintenir la productivité et augmenter le degré de satisfaction des travailleurs", souligne le doctorant.
Des RTT sous forme de congés
L’effet des 35 heures sur le degré de bien-être au travail est deux fois plus important sur les salariés d’entreprises de plus de 50 salariés. C’est aussi à partir de ce seuil que les comité d’entreprises et les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) deviennent obligatoires.
"La présence syndicale a permis de négocier la réduction du temps de travail pour davantage de congés RTT dans les grandes entreprises, ce qui augmente le degré de satisfaction en comparaison à des 35 heures accomplies dans la semaine, ce qui est courant dans les petites", explique l'économiste. Des RTT oui, mais sous forme de congés, c’est encore davantage plébiscité.