La difficile croisade de Benoît Hamon contre le burn out

- - Un débat opposera François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon le 20 mars en direct à 21H00 sur TF1 - LIONEL BONAVENTURE, AFP/Archives
On entend de plus en plus parler de cas de burn out. A tort ou à raison. 3 millions de Français seraient au bord de l'épuisement professionnel selon Technologia, cabinet spécialisé dans la prévention des risques… 30.000, selon l'Institut national de veille sanitaire (INVS). Une fourchette large qui en dit long sur la difficulté de mesurer les troubles psychiques... Et leur lien avec le travail.
D’une part, le burn out n’est pas une maladie en soi. D’autre part, celles qui en découlent -la dépression, les troubles anxieux ou post traumatiques- ne sont pas reconnues comme maladies professionnelles. Et de ce fait, elles ne donnent pas facilement droit à une indemnité.
Parcours du combattant
Car pour chaque pathologie, il existe un tableau de reconnaissance. Et quand les maux provoqués par le travail ne rentrent pas dans les cases, il faut passer par un itinéraire bis, les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles. Mais souvent, cela relève du parcours du combattant. Les délais d’attente pour qu’aboutissent les procédures sont longs et il faut que le taux d’incapacité soit d’au moins 25% pour que la maladie soit reconnue comme professionnelle.
Un taux difficile à atteindre s'agissant des incapacités psychiques ou mentales. Le lien direct et essentiel avec le travail doit également être prouvé, "ce qui est difficile pour des pathologies qui peuvent être multifactorielles", souligne Loïc Lerouge, juriste spécialisé en santé mentale au travail.
Pour pallier cette difficulté d'évaluation, Benoît Hamon propose carrément d'éliminer le taux d’incapacité pour les maladies psychiques, or "supprimer le seuil n’est pas forcément opportun car il permet au moins de caractériser l’existence d’un trouble de la santé", analyse le chercheur au CNRS, auteur de TIC et travail des cadres. Enjeux et risques psychosociaux au travail.
Les patrons contre
Surtout, ce sont les entreprises qui financent les indemnisations via leur cotisation à la branche des risques professionnels de l’Assurance maladie en fonction du nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles en leur sein ou dans leur branche. Elles sont évidemment contre.
Ce qui explique que malgré la pétition visant à reconnaître le burn out comme maladie professionnelle de Benoît Hamon et sa proposition de loi présentée le 17 février 2016 à l'Assemblée nationale, son combat n’a pour l'heure pas abouti. Mais le candidat à la primaire à gauche continue de porter son projet et a intégré la mesure à son programme.