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Cancer: faut-il interdire l'aspartame? Une pétition européenne lancée face à des "risques inacceptables"

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Pointant les "risques inacceptables" pour la santé humaine de la consommation d'aspartame, trois associations appellent ce mardi 4 février "à une mobilisation sans précédent des consommateurs à travers l’Europe". Ces organismes, dont Food Watch, veulent faire disparaître l'ingrédient de nos assiettes.

"Il n'y a plus de temps à perdre". C'est le cri du cœur partagé ce mardi 4 février par l'ONG Food Watch, la Ligue contre le cancer et Yuka. Dans un communiqué commun, les trois organismes appellent solennellement les instances de l'Union européenne à bannir pour de bon l'aspartame, classé "peut-être" cancérogène par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en juillet 2023.

"En soulignant les risques possibles de cancer liés à l'aspartame, l'OMS a envoyé un signal clair concernant le risque pour notre santé. Nos décideurs européens doivent nous protéger", réclame Camille Dorioz, le directeur des campagnes de Food Watch France.

"L'OMS et de nombreuses études scientifiques mettent en évidence ce risque. On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas", ajoute Philippe Bergerot, président de La Ligue contre le cancer. "Nous demandons à nos décideurs politiques de prendre leurs responsabilités et de l’interdire".

Le E951 dans nos produits du quotidien

Coca zéro, pastilles Vichy, Dafalgan... Selon la base de données collaborative Open foodfacts, au moins 1.600 références de produits du quotidien des Français contiennent cet ingrédient au pouvoir sucrant. Tantôt inscrit comme aspartame, il est aussi nommé sous son abréviation: E951. C'est cette présence massive qui irrite les organismes.

Par le biais d'une pétition à l'échelle européenne, les trois groupes s'adressent directement à la Commission européenne et les États membres de l’UE. Ils espèrent une "mobilisation sans précédent des consommateurs à travers l'Europe" contre cet élément indésirable.

"Puisqu’il n’est pas prouvé aujourd’hui que l’aspartame est sûr pour la santé, il ne devrait plus être autorisé sur le marché européen", expliquent les organisations, d'une seule voix, dans le communiqué.

L'OMS s'était toutefois montrée plus prudente dans son interprétation des données scientifiques. En 2023, le docteur Francesco Branca, directeur du département Nutrition, santé et développement de l'OMS, avait émis un avertissement tiède:

"Nous ne conseillons pas aux entreprises de retirer leurs produits et nous ne conseillons pas non plus aux consommateurs d'arrêter complètement leur consommation". Les doses journalières recommandées n'avaient pas été revues à la baisse.

Un boycott naturel des consommateurs?

Les dangers de l'aspartame sont de mieux en mieux cernés, même si le débat fait rage depuis plusieurs années. Dans des avis publiés en 2013 puis actualisés en 2023, l’Autorité européenne de sécurité des aliments avait relativisé la dangerosité du produit, concluant même sur son innocuité.

Selon Foodwatch, Yuka et la Ligue nationale contre le cancer, ces rapports ont "fait l'objet de plusieurs critiques portant sur ses conflits d'intérêt" et leurs conclusions sont donc a minima questionnables.

Les consommateurs, eux, ont fait leur choix. Depuis dix ans, les Français acceptent de moins en moins cet ingrédient dans leurs assiettes. "Ces dix dernières années (...) l’utilisation des édulcorants intenses diminue fortement, en particulier celle de l’aspartame qui en dix ans environ est passée de 1,8 % à 0,4 % des produits", écrivait l'Agence française de sûreté alimentaire (Anses) le 19 mars 2024.

Comme l'expliquait en mars à BFMTV.com Julie Gauvreau-Béziat, cheffe de l’unité observatoire des aliments à l'Anses, les consommateurs s'en détournent en raison de nouvelles "attentes de naturalité" des produits, là où l'aspartame "fait beaucoup plus chimique" que d'autres produits sucrants.

Tom Kerkour