Alzheimer: un traitement prometteur pour lutter contre la maladie fait sept morts aux États-Unis

Une personne atteinte d'Alzheimer en 2011 (illustration) - SEBASTIEN BOZON / AFP
Un autre espoir compromis dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer? La réponse est plus complexe. Le Leqembi, un traitement approuvé en 2023 aux États-Unis, censé ralentir l'avancée de cette maladie neurodégénérative dans sa première phase, est responsable de la mort d'au moins sept personnes.
C'est le média américain Bloomberg, citant des données des autorités sanitaires, qui révèle ces sept décès, ajoutant que trois autres patients sont handicapées à vie, des suites d'effets indésirables du Leqembi.
Les cas recensés ont souffert d'indésirables, "spécifiquement d'oedèmes cérébraux ou des saignements, des effets secondaires du Leqembi qui ont provoqué la controverse au moment de l'autorisation du médicament", écrit le titre de presse.
Un produit très attendu, bientôt autorisé en Europe?
Ce traitement est porteur d'importants espoirs dans le monde. "Le médicament peut ralentir la maladie dans sa phase précoce, quand la personne dispose encore de bonnes capacités cognitives. Il freine le développement de la maladie mais ne peut pas réparer les neurones détruits", contextualise le professeur Philippe Amouyel, directeur général de la Fondation Alzheimer.
"Les Français et les Européens attendent beaucoup de ces traitements innovants", confirme Kevin Rabiant, responsable du service Etudes et recherche de l'association France-Alzheimer.
Cette maladie ne peut aujourd'hui pas être traitée, malgré des années de recherche et un effort mondial de recherche. Cette maladie qui se développe à bas bruit et détruit à petit feu le cerveau du malade, dégradant progressivement toutes ses capacités intellectuelles.
"En France, plus d'un million de personnes sont atteintes de la maladie, dont deux fois plus de femmes que d’hommes", chiffre l'Institut Pasteur. 225.000 nouveaux cas sont identifiés chaque année.
"Cela devrait avoir moins de risques d'arriver en Europe"
Dans les faits, le Leqembi n'est pas encore disponible en France. L'agence française de sûreté du médicament précise à BFMTV.com "être dans l'attente de la décision de la Commission européenne", qui doit elle-même donner son feu vert après un avis positif du Comité spécial en charge des médicaments à usage humain.
Cet avis, rendu en février dernier, a été suivi d'un renvoi en appel de cette décision par la Commission européenne, pour un élément administratif, comme l'a expliqué le laboratoire BioArtic le 1er avril.
Ces rebondissements ne sont pas les premiers. Au tout début de son cheminement, le Leqembi avait essuyé un premier rejet des autorités européennes, en raison des effets secondaires qu'il provoque. Ceux-ci sont exacerbés chez certaines personnes porteuses d'un gène précis (APOE4 homozygotes) ou prenant des médicaments anticoagulants. Or, certains cas ayant résulté à des décès aux États-Unis tombaient dans ces catégories.
Dans le projet d'autorisation de mise sur le marché actuellement porté auprès de l'UE, le Leqembi ne pourrait pas être prescrit à ces populations beaucoup plus susceptibles de développer des effets secondaires graves. "L'administration américaine est bien plus tendre dans son processus d'autorisation que les Européens. Ce type de cas ne pourrait pas se reproduire en Europe", assure le membre de France-Alzheimer.
"Ces situations devraient avoir moins de risques d'arriver en Europe. Les contre-indications sont beaucoup plus strictes", opine Philippe Amouyel.
En France, si le médicament finissait par arriver dans les pharmacies après ce long processus, les personnes les plus à risques de développer des troubles indésirables n'y auraient pas accès. Mais même sans facteur aggravant, "il ne faut pas minimiser les risques du traitement", nuance Kevin Rabiant, qui estime toutefois qu'il ne faut pas adopter de posture alarmiste.