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Santé

Acouphènes: une étude pointe du doigt une nouvelle cause probable

Un médecin ORL examine une patiente à Quimper le 21 mai 2015.

Un médecin ORL examine une patiente à Quimper le 21 mai 2015. - FRED TANNEAU / AFP

Au moins 10% des adultes sont concernés par les acouphènes, des bruits fantôme pouvant peser sur la santé et la santé mentale. Une étude publiée dans la revue Nature attribue de nouvelles causes à ces maux.

Mais d'où viennent les acouphènes? Ces bruits "fantômes" qu'entendent 10 à 15% des adultes dans le monde peuvent s'avérer désagréables. Des sifflements, bourdonnements ou grésillements dont l'origine est restée plutôt floue. Une étude publiée dans la revue scientifique Nature et relayée dans la presse apporte des éléments de réponse sur l'origine de ce trouble.

Pour en comprendre l'origine, il faut saisir comment fonctionne notre oreille interne. Cette zone est composée de "deux éléments essentiels", comme l'explique Stéphane Maison, professeur associé d’otolaryngologie à Harvard, auprès de France Culture:

"On a des cellules ciliées qui vont apporter l'audibilité du son. Et on a le nerf et tout ce qu'il y a derrière le nerf qui va apporter la clarté, l'intelligibilité du son. Parce que quand on dit 'on entend quelque chose' c'est différent de 'je comprends ce que j'entends'. Il y a une grosse différence entre le volume et l'intelligibilité du son, sa clarté".

En 2009, une étude a mis en évidence que, chez la souris, ces fibres qui permettent de comprendre une conversation dégénèrent à cause de l'âge ou de l'exposition aux bruits.

Et ce, avant que les cellules sensibles au volume ne soient détruites. "C'est-à-dire qu'on va perdre ces fibres bien avant qu'on commence à avoir une perte auditive", analyse l'expert de Harvard. Une détérioration que nous ne mesurons pas avec nos tests auditifs dits "classiques", plutôt chargés de mesurer la réponse au volume.

Espoir de traitement

Pour confirmer et étudier l'origine de ces problèmes, des scientifiques de l'Institut spécialisé Massachusetts Eye and Ear ont recruté 201 personnes, dont plusieurs avec une audition "normale", sans perte de volume - se plaignant pourtant d'acouphènes.

La mesure de leur influx nerveux de l'oreille interne jusqu'au cerveau montre que ces entendants "normaux" affectés par les acouphènes souffrent à la fois d'une dégradation du nerf auditif, mais également d'une hyperactivité du tronc cérébral. Cette dernière serait une réaction du cerveau cherchant à combler le premier défaut. Une combinaison dont le résultat serait ces fameux acouphènes.

L'enjeu de l'identification de l'origine du trouble: celui d'un possible traitement. Ces sons fantômes peuvent affecter négativement la qualité de vie de ceux qui en souffrent. Et, à ce jour, il n'existe pas de traitement curatif pour s'en débarrasser.

RMC : 12/03 - Dupin Quotidien : La santé auditive des jeunes se dégrade
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"L'idée selon laquelle, un jour, les chercheurs pourraient être capables de ramener le son manquant au cerveau, et peut-être de réduire son hyperactivité en conjonction avec le recyclage, rapproche définitivement l'espoir d'un remède de la réalité", espère Stéphane Maison, comme il l'a expliqué au Point.

Les personnes les plus durement touchées par cette gêne doivent aujourd'hui faire appel à des mesures permettant de "les atténuer", comme l'explique le site de l'Assurance maladie. Thérapie comportementale et cognitive, générateurs de bruits, médicaments pour apaiser l'anxiété résultant du trouble, etc...

Des solutions de confort existent, à défaut de traiter la cause du problème. Comme le souligne l'agence de santé, le mieux reste la prévention, tant pour éviter que le problème n'apparaisse que pour éviter qu'il ne dégènére.

Tom Kerkour