Cambriolage au Louvre: quels sont les bijoux dérobés dans la galerie Apollon, visée par les malfaiteurs?

La galerie Apollon du musée du Louvre, renfermant les diamants de la Couronne, le 23 juin 2020. - THOMAS SANSON/AFP
C'est une des salles les plus prestigieuses du musée du Louvre. La galerie d'Apollon, ciblée par des cambrioleurs ce dimanche 19 octobre qui ont dérobé plusieurs bijoux d'une valeur inestimable, abrite une collection prestigieuse de bijoux ayant appartenu à la famille royale.
Aujourd'hui, la galerie Apollon dispose de plusieurs tableaux de grands artistes sur son plafond, ainsi que la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne.
Invitée de BFMTV, la procureure de Paris, Laure Beccuau, a détaillé les bijoux dérobés par les voleurs ce dimanche matin.
Neuf objets "ciblés par les malfaiteurs"
"Dans les deux vitrines qui ont été fracturées, l'une dite des diamants, l'autre dite du Second Empire, il y a eu neuf objets qui ont été ciblés par les malfaiteurs et huit ont été dérobés", a-t-elle expliqué.
Dans la première vitrine, deux séries de bijoux ont été visées. En l'occurrence, un collier et une boucle d'oreille de la collection Marie-Louise, ainsi qu'un collier, une paire de boucles d'oreilles et un diadème des collections Marie-Amélie et Hortense.
Par la suite, les voleurs s'en sont pris à une seconde vitrine, regroupant des objets du Second Empire. "Deux bronches dont une dite reliquaire, un nœud de corsage et un diadème de la collection de l'impératrice Eugénie", ont été dérobés.
Le neuvième objet est la couronne de l'impératrice Eugénie, qui a été retrouvée par les forces de l'ordre à leur arrivée au musée. D'ailleurs, celle-ci a été endommagée par les voleurs.
"Le ministre de l'Intérieur a parlé de valeur inestimable et en l'état de la procédure, il n'y a que cet adjectif que je peux vous retourner. La valeur historique de ces objets, c'est ce qui en fait toute la spécificité", a rappelé la procureure de Paris.
"Bien sûr, il y a de l'or, des émeraudes, des saphirs, des diamants, des perles", a-t-elle énuméré.
Des peintures de plusieurs époques
La galerie Apollon, ciblée par les voleurs, est une pièce datant du XVIIe siècle, conçue en 1661, après qu'un incendie a ravagé la Petite Galerie qui datait du règne d'Henri IV. Et c'est son petit-fils, Louis XIV, qui charge l'architecte Louis Le Vau des travaux. Le jeune roi, âgé de 23 ans, vient de choisir le soleil comme emblème et donc cette galerie réfère au dieu grec de la lumière et des arts, Apollon.
Le décor est mis en place pendant une quinzaine d'années, avant d'être complété au XVIIIe et XIXe siècle sous l'impulsion des académiciens d'abord, puis de Félix Duban.
Lorsque les visiteurs pénètrent dans la galerie, ils peuvent admirer plusieurs tableaux au plafond. Les plus anciens sont La nuit ou diane et Le Triomphe de Nepture et d'Amphitrite par Charles Le Brun, datant d'entre 1664 et 1677.
Plusieurs grands noms de la peinture y figurent également, comme Eugène Delacroix et son Apollon terrassant le serpent Python (1850-1851), Charles-Louis Muller pour L'Aurore ou encore Joseph-Benoît Guichard et son Triomphe de la Terre ou le Triomphe de Cybèle (1850).
Le diamant le plus célèbre du monde
En son centre, la galerie abrite la collection de diamants de la Couronne française. Elle dispose d'une quantité de gemmes remontant jusqu'au règne de François 1er, rassemblée une première fois en 1532.
"Ces œuvres taillées dans des minéraux précieux (agate, améthyste, lapis-lazuli, jade, sardoine ou cristal de roche) et mises en valeur par des montures le plus souvent spectaculaires sont des objets de grand luxe, appréciés depuis l’Antiquité", explique le site du musée du Louvre.
"Louis XIV avait une véritable passion pour les gemmes : sa collection comptait environ 800 pièces", est-il également inscrit sur le site internet du musée.
Au total, ce sont 23 bijoux qui sont exposés aujourd'hui, répartis en trois ensembles distincts. Ceux antérieurs à la Révolution française, ceux du Premier Empire, de la Restauration et de la monarchie de Juillet, et enfin ceux du Second Empire.
Parmi eux figurent plusieurs trésors du musée, en l'occurrence trois diamants. D'abord, le Régent (140 carats), considéré comme une des pierres "les plus célèbres du monde", qui a orné "la couronne de Louis XV, l'épée de Napoléon 1er et un diadème de l'impératrice Eugénie". De même, on y retrouve le Sancy (55,23 carats) et le diamant rose Hortensia (21,32 carats).
Ces diamants n'ont toutefois pas été ciblés par les voleurs.
Parures et objets du faste royal
Plusieurs parures complètent cette collection, avec les couronnes de Louis XV et de l'impératrice Eugénie, le diadème de la duchesse d'Angoulême, la parure de la reine Marie-Amélie, le grand nœud de corsage d'Eugénie et enfin, le collier avec les boucles d'oreilles de la parure d'émeraudes de l'impératrice Marie-Louise.
D'autres trésors peuvent être admirés, comme la Nef de Neptune en lapis-lazuli, l'Aiguière en agate, la Coupe couverte en jade et le Vase en cristal de roche.