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Accidents domestiques: dans quelles pièces court-on le plus de risques?

Les causes et les circonstances de survenue des accidents de la vie courante (AcVC) sont très diverses.

Les causes et les circonstances de survenue des accidents de la vie courante (AcVC) sont très diverses. - iStock - djedzura

Mis en place en 2014, l’observatoire MAVIE permet de mesurer le temps passé par des volontaires dans chacune des pièces de leur habitat pour estimer leur risque d’accident domestique. L’étude révèle que si l’habitat est le premier lieu de survenue des accidents, le jardin est le plus dangereux.

Défénestrations, étouffements, noyades, chutes: les tragiques accidents de la vie courante (AcVC) causent 20.000 décès par an, soit cinq fois plus que les accidents de la circulation (4.000 décès par an) et vingt fois plus que ceux du travail (1.000 décès par an). Les accidents domestiques sont considérés comme la troisième cause de mortalité en France, après le cancer et les maladies de l’appareil circulatoire et cérébrovasculaire.

En 2014, une équipe de l'Inserm* a lancé l'observatoire MAVIE pour créer une communauté de 100.000 volontaires et étudier les circonstances et les causes de ces accidents.

"Les accidents domestiques sont très variés et occasionnent près de cinq millions de visites aux urgences par an, c'est pour cette raison qu'il nous faut une population aussi importante de volontaires qui partage son expérience pour formuler des programmes de prévention adaptés", précise à Santé Magazine Emmanuel Lagarde, directeur de recherche à l’Inserm et responsable de l'observatoire MAVIE.

Attention à la chambre pour les enfants

L'étude consiste notamment à mesurer le temps passé par des volontaires dans chacune des pièces de leur habitat, et donc à estimer précisément leur risque d’accident domestiqueLes premiers résultats, forts de la participation des premiers 26.000 volontaires sur les 100.000 attendus, ont permis d'établir l'endroit où ce type d'accident était le plus fréquent. Le lieu le plus dangereux est le jardin, suivi du garage et de l'abri de jardin; les séniors et les enfants y sont les principales victimes.

Paradoxalement, il s'agit d'endroits où les volontaires passent le moins de temps (entre 20 et 45 minutes). A l'intérieur, le lieu où l’on dénombre le plus d’accidents pour un temps donné se trouve être la chambre, alors que, là aussi, les volontaires y passent moins d’une heure au quotidien, en dehors du temps de sommeil. Mais les accidents recensés touchent principalement les enfants, qui y passent, eux, plus de temps.

"Cela peut paraître surprenant que la chambre soit plus dangereuse que la cuisine pour les enfants mais dans celle-ci, ils peuvent faire des chutes importantes ou se coincer les doigts, tandis que la cuisine est un lieu de danger bien identifié, même si des accidents plus graves peuvent y survenir", souligne Emmanuel Lagarde.

Les chutes, accident le plus courant

En revanche, le lit en lui-même est considéré comme le lieu le moins dangereux de tous, avec dix fois moins d’accidents que dans la cuisine. Mais l'étude révèle également qu'à temps passé égal, les volontaires ont deux fois plus de risques d’avoir un accident dans leur cuisine que dans leur salon.

"L’habitat est le premier lieu de survenue des accidents: près de 45% s’y déroulent, touchant l’ensemble de ses habitants. Les chutes représentent 35% des accidents qui y surviennent, suivies des chocs et des écrasements, environ 25% chacun, les brûlures sont à l’origine de 5% d'accidents", ajoute l'observatoire.

Les enfants de moins de 15 ans y sont deux fois plus à risque que les adultes (60% des AcVC sont des chutes), même si deux accidents sur trois sont bénins, sans prise en charge hospitalière. Si le logement est le lieu qui nécessite le plus d'attention, il ne faut néanmoins pas oublier les aires de sport (9%), le sport étant l’activité à l’origine du plus grand nombre d’accidents du quotidien.

L'observatoire préfère attendre de réunir les 100.000 volontaires espérés pour établir des recommandations officielles, mais les connaissances issues de la cohorte actuelle ont déjà permis l'élaboration de l'application MAVIE-Lab. Celle-ci s'avère utile pour évaluer ses propres niveaux de risque dans quatre domaines (activités sportives, vie domestique, loisirs, espace public) et expérimenter des solutions personnalisées de prévention.

*Institut national de la santé et de la recherche médicale

Alexandra Bresson