16% des salariés français exposés au tabagisme passif sur leur lieu de travail

Santé publique France publie ce vendredi de nouvelles données sur le tabagisme passif. Si l’exposition des Français à la fumée des autres diminue au domicile, elle reste stable sur le lieu de travail, alors même que la réglementation l’interdit.

C’est une pratique qui paraît d’un autre temps, treize ans après le début de l’ère des espaces publics sans tabac. Pourtant, 16% des salariés de 18 à 64 ans déclarent avoir été exposés à la fumée de tabac des autres sur leur lieu de travail au cours du dernier mois.

Ils ont été interrogés en 2017, et "cette proportion est stable par rapport à 2014", nous explique Anne Pasquereau, chargée d’études et de recherches dans l’unité addictions à Santé publique France.

27% des ouvriers exposés

Dans le détail, le baromètre de Santé publique France révèle des disparités liées à la catégorie socio-professionnelle. Ainsi, 27% des ouvriers, soit plus d’1 sur 4, sont exposés au tabagisme passif. C’est quatre fois plus que les cadres et professions intellectuelles supérieures (6,4%).

Quant aux domaines d’activités, c’est dans le secteur de la construction que l’exposition au tabac dans les locaux au travail est la plus fréquente (38%) et dans celui de l’enseignement qu’elle est la plus rare (6%).

Une affiche et une vidéo pour les entreprises

Dans tous les cas, ces chiffres surprennent car ils reflètent une situation hors-la-loi. Depuis 2007, les entreprises, comme les écoles, les magasins, les administrations, les gares, les aéroports, et les hôpitaux sont des lieux non‑fumeurs, suivis en 2008 par les cafés, hôtels, restaurants, discothèques et casinos.

"Avec cette interdiction établie depuis 2007, on peut faire l’hypothèse que l’on a un pallier qui a été atteint. Il y a encore des efforts à faire dans le milieu du travail pour faire baisser cette proportion. Nous mettons donc à disposition des entreprises une affiche et une vidéo pour promouvoir 'Tabac info service', qui comprend un numéro de téléphone 3989, une application et un site Internet", analyse Anne Pasquereau.

1100 morts par an à cause du tabagisme passif

Cette exposition à la fumée n’est pas sans risque: "La fumée du tabac contient plus de 7000 substances chimiques, dont on sait qu’au moins 250 sont nocives et au moins 69 cancérogènes", précise Santé publique France. "Chez les adultes, la mortalité attribuable au tabagisme passif est estimée à 1100 cas chaque année en France, par infarctus, accident vasculaire cérébral, cancer du poumon ou maladies respiratoires chroniques", détaille Anne Pasquereau.

Seule tendance positive dans l’étude, il y a du mieux à la maison. Le tabagisme au domicile est passé de 28% en 2014 à 18% en 2018. Cette baisse est particulièrement marquée chez les fumeurs quotidiens: plus d’un sur deux (52%) fumait en 2014. C’est désormais plus d’un sur 3 (38%).

"C’est mieux, mais cela reste élevé"

Même chose pour les fumeurs qui vivent avec un enfant: le tabagisme au domicile a été divisé par deux. Il y a 6 ans, près de 3 fumeurs sur 10 (31,6%) consommaient des cigarettes chez eux en présence d’un enfant de moins de 4 ans. Ils sont désormais 14%, soit plus d’un sur 10.

"C’est mieux, mais cela reste élevé. Chez les enfants, l’exposition à la fumée de tabac double le risque de mort subite du nourrisson, augmente les risques d’infections respiratoires de 55%, d’asthme de 32% et d’otites aiguës de 38%", rappelle Anne Pasquereau.

Globalement, chez les 18‑75 ans, 17,6% déclarent que quelqu’un fume à l’intérieur de leur domicile, dont 12,5% de manière régulière.

Dans ce contexte, Santé publique France lance une campagne digitale d’information sur le dispositif d’aide à l’arrêt "Tabac info service" et son service téléphonique, le 39 89. Son objectif: inciter les fumeurs à recourir à ce service pour les aider à arrêter de fumer.

Margaux de Frouville