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Yaël Braun-Pivet rattrapée par son vote contre l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution en 2018

L'actuelle ministre des Outre-Mer avait estimé qu'il n'était "nul besoin de brandir des peurs relatives à ce qui se passe dans d’autres pays pour estimer que ces droits sont menacés dans le nôtre."

Inscrire "le respect de l'IVG dans notre Constitution." Après la décision de la Cour suprême des États-Unis de révoquer ce droit, la majorité prend la main samedi avec une proposition de loi alors la gauche, qui y est favorable, ne se privant pas de pointer un "revirement."

"Nul besoin de brandir des peurs"

En 2019, les députés de gauche avaient, à l'initiative du socialiste Luc Carvounas, déposé une telle proposition de loi constitutionnelle, mais qui n'avait pas été inscrite à l'ordre du jour. En juillet 2018 déjà, des députés d'opposition avaient par amendement cherché à inscrire le droit à la contraception et à l'avortement dans le préambule de la Constitution, mais majorité et gouvernement s'étaient prononcés contre, jugeant ces droits suffisamment garantis.

Le 11 juillet 2018, devant l'Assemblée nationale, Nicole Belloubet, qui était alors Garde des Sceaux, expliquait pourquoi, selon elle, cette inscription était inutile. "Il me semble que nous avons un droit qui est suffisamment garanti, et qu’il n’est pas besoin de l’inscrire dans le préambule de la constitution", avait-elle dit.

Elle avait été rejointe par Yaël Braun-Pivet, actuelle ministre des Outre-mer et alors Présidente de la commission des Lois de l'Assemblée nationale, qui elle-même avait montré son désaccord avec l'amendement de l'opposition. L'extrait vidéo a été partagé à plusieurs reprises ce samedi sur les réseaux sociaux.

"Les droits des femmes à l’égard de la contraception et de l’avortement sont aujourd’hui extrêmement bien assurés dans notre pays. Je ne crois pas que l’inscription de ces droits dans la constitution, d’une part soit nécessaire, d’autre part soient utile. A mon sens, il n’est nul besoin de brandir des peurs relatives à ce qui se passe dans d’autres pays pour estimer que ces droits sont menacés dans le nôtre. Ce n’est absolument pas le cas et rien ne vous permet de l’affirmer", avait-elle argumenté.

Dépôt d'un texte commun

Vendredi soir, la cheffe des députés Insoumis Mathilde Panot avait annoncé aussi qu'elle proposerait à l'alliance de gauche Nupes "de déposer une proposition de loi pour inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution."

"La présidente du groupe LREM reprend cette proposition que les parlementaires LREM avaient rejetée à plusieurs reprises dans la mandature précédente", ont relevé dans un communiqué les présidents des groupes de gauche, se félicitant de ce "revirement" et invitant au "dépôt d'un texte commun" par l'ensemble des groupes volontaires.

Sur Twitter, le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est réjouit de cette proposition de loi. "Heureux que LaREM reprenne la proposition de constitutionnalisation du droit a l’IVG qu’elle avait jusqu’alors refusée. Privés de majorité les marcheurs réfléchissent mieux", a-t-il également taclé.
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV