Visite de la police à l'UMP dans l'affaire Bettencourt

La brigade financière s'est rendue mercredi au siège de l'UMP à Paris dans l'enquête visant l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt et ses liens avec le parti majoritaire - -
PARIS (Reuters) - La brigade financière s'est rendue mercredi au siège de l'UMP à Paris dans l'enquête visant l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt et ses liens avec le parti majoritaire, a-t-on appris jeudi de source policière.
Une porte-parole du parquet de Nanterre, qui a ordonné ce déplacement dans le cadre d'enquêtes préliminaires, a précisé qu'il ne s'agissait pas véritablement d'une perquisition, mais d'un "transport d'enquêteurs sur place".
L'information a été révélée par le site Parismatch.com.
Les policiers, dit-on de source policière, se sont déplacés dans le volet de l'enquête concernant l'attribution de la Légion d'honneur à Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de la milliardaire.
Ils recherchaient la trace d'un courrier adressé en mars 2007 par Eric Woerth, alors trésorier de l'UMP, à Nicolas Sarkozy, à l'époque ministre de l'Intérieur et président du parti, appuyant la demande de Légion d'honneur.
C'est la première fois que le parti du président Nicolas Sarkozy est directement visé par la procédure ouverte au printemps dernier à la suite de la publication dans la presse d'enregistrements clandestins de Liliane Bettencourt.
L'UMP a confirmé avoir reçu la visite de policiers. "Il ne s'agit pas d'une perquisition. Des policiers sont venus hier dans nos locaux pour une demande de renseignements. Nous avons accepté de leur ouvrir nos portes pour la suite de l'enquête", a dit une porte-parole.
Elle n'a pas précisé la nature des renseignements demandés par les enquêteurs. Parismatch.com écrit que trois policiers ont été accueillis rue de la Boétie, dans le VIIIe arrondissement, par Eric Cesari, directeur général de l'UMP, et y sont restés plusieurs heures.
FINANCEMENT DE L'UMP
Le courrier du 12 mars 2007 appuyant la demande de Légion d'honneur a déjà été saisi en août par la police lors d'une autre perquisition.
Patrice de Maistre, membre d'un club de donateurs de l'UMP, organisait le financement légal du parti de Nicolas Sarkozy par l'argent de Liliane Bettencourt.
Il a embauché en novembre 2007 dans sa société Florence Woerth, épouse d'Eric Woerth, lorsque ce dernier est devenu ministre du Budget. Eric Woerth a remis lui-même la Légion d'honneur à Patrice de Maistre lors d'une cérémonie début 2008.
Une des enquêtes ouvertes par le parquet porte par ailleurs sur des affirmations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, selon lesquelles Patrice de Maistre a remis 150.000 euros en espèces à Eric Woerth en 2007 pour le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
Claire Thibout a déclaré à la police que Patrice Maistre lui avait demandé pour ce faire de retirer 50.000 euros en espèces sur les comptes français de Liliane Bettencourt, ce qu'elle a fait, le gestionnaire de fortune disant ensuite être parti en Suisse chercher les 100.000 euros restants.
Claire Thibout a cependant déclaré ne pas avoir assisté à la supposée remise d'argent. Des vérifications ont été demandées par le parquet de Nanterre à la justice suisse, mais on ignore si cette demande porte sur le supposé retrait d'argent.
Eric Woerth nie la totalité des accusations. Il a démissionné avant l'été de son poste de trésorier de l'UMP mais a été maintenu à celui de ministre du Travail, où il soutient le projet de réforme des retraites.
Il a été interrogé par la police en juillet mais pourrait être réauditionné prochainement du fait de la découverte de sa lettre à Nicolas Sarkozy de 2007, qu'il n'avait pas mentionnée dans son premier interrogatoire, déclarant qu'il ne se souvenait dans quelles conditions il appuyait la demande de Légion d'honneur.
Thierry Lévêque, avec Nicolas Bertin, édité par Gilles Trequesser