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Politique

Valls : « Ne pas laisser le thème de la Nation à la droite »

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Le débat sur l'identité nationale continue de faire polémique. Tout en dénonçant « une opération politicienne de diversion », le député PS Manuel Valls appelle « la gauche [à] se réapproprier » la question.

Lancé par le Président de la République à 5 mois des élections régionales, le débat sur l'identité nationale continue de faire polémique. Tout en dénonçant « une opération politicienne de diversion », le député-maire d'Evry, Manuel Valls, connu pour ses positions anticonformistes au PS, appelle « la gauche [à] se réapproprier » la question : « C'est une opération politicienne, lancée par Nicolas Sarkozy et Eric Besson, pour faire diversion au moment où le pouvoir est en difficultés sur Clearstream, le fils du Président de la République, la situation économique et sociale, l'inquiétude des Français pour l'emploi et pour l'avenir. Et en même temps, je fais partie de ceux qui pensent, depuis longtemps, que la gauche ne doit pas laisser le thème de la France, de la Nation, du rapport des Français à leur pays, à l'extrême droite, aux souverainistes et à la droite. Nous sommes tout aussi légitimes pour en parler. »

Non à la « vision étriquée du Président Sarkozy »

Comme l'ancien Premier ministre Alain Juppé, qui s'est interrogé sur la nécessité de relancer un débat sur l'identité nationale, en citant Ernest Renan, Manuel Valls reprend cette référence à l'écrivain-philosophe, et note : « ça veut bien dire qu'il y a une conception commune ». Une conception bien différente de celle de Nicolas Sarkozy, ajoute le député socialiste : « Nous avons une conception de l'identité républicaine, de la Nation, ouverte, et pas étriquée comme celle du Président de la République, qui la relie, quand il parle aux agriculteurs, à la terre. La nation, ça n'est pas ça. C'est un plébiscite quotidien, comme l'avait écrit le philosophe Ernest Renan. [...] La France ne peut se définir que par des valeurs, et surtout pas par des conceptions ethniques. Des valeurs républicaines que les républicains, de droite comme de gauche, sont censés partager. »

« J'ai appris à être Français »

Né espagnol, à Barcelone, avec une "double culture" catalane et française, Manuel Valls est fier d'être « l'un des rares parlementaires naturalisés. J'ai appris à être Français, explique-t-il, grâce à mes parents, à la langue, à l'école. » Et tandis que le ministre de l'Education nationale veut renforcer l'identité française à l'école, le Maire d'Evry ajoute : « Tout ne passe pas par l'école. Il faut que la France soit en lien avec sa promesse historique d'égalité. Et quand il y a échec scolaire qui touche d'abord les couches populaires et les enfants français issus de l'immigration, note-t-il avec regret, quand les inégalités sociales ne cessent de s'accroître, d'une certaine manière on s'éloigne de cette belle promesse républicaine. Et comment voulez-vous qu'on se sente français ? Et ces symboles [ndlr, la Marseillaise, le drapeau], il faut y adhérer, on ne peut pas les imposer. »

Pour écouter l'intégralité de l'interview de Manuel Valls, cliquez ici.

La rédaction-Bourdin & Co