Valls et Sapin opposés à toute confrontation avec Berlin

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a qualifié d'"irresponsables" les propos tenus par des dirigeants du Parti socialiste sur la nécessité d'une "confrontation" avec l'Allemagne pour obtenir un changement de cap économique en Europe et le ministre du - -
PARIS (Reuters) - Manuel Valls a qualifié d'"irresponsables" les propos tenus par des dirigeants du Parti socialiste, dont le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, sur la nécessité d'une "confrontation" avec l'Allemagne pour obtenir un changement de cap économique en Europe.
"Ces propos sont irresponsables, démagogiques et nocifs", déclare le ministre de l'Intérieur dans une interview publiée dimanche par Le Parisien-Aujourd'hui en France"
"Ils risquent de mettre en très grande difficulté la relation historique entre nos deux pays, essentielle pour l'avenir de l'Union" européenne, ajoute-t-il.
Le ministre du Travail, Michel Sapin, a estimé de son côté qu'utiliser le terme de confrontation avec l'Allemagne était "totalement inapproprié, inadapté".
"Il ne s'agit pas de se confronter avec un pays (....) il s'agit encore moins de se confronter avec une personne, (la chancelière) Angela Merkel", a-t-il dit lors du grand rendez-vous Europe1-i>TELE-Le Parisien.
"Il s'agit de débattre en Europe à vingt-sept et pas simplement avec l'Allemagne, de la meilleure politique possible dans les mois et les années qui viennent pour faire en sorte que toute l'Europe retrouve de la croissance et que toute l'Europe remette de l'ordre dans ses finances".
Pour Michel Sapin, il peut y avoir des "débats fermes" avec l'Allemagne "mais le débat pour réorienter une politique, ce n'est pas la confrontation avec un pays et encore moins avec une personnalité".
Jeudi, Claude Bartolone a plaidé pour une tension, voire une confrontation" de la France avec l'Allemagne pour obtenir que l'Union européenne renonce à imposer rigueur et austérité à ses membres dans l'environnement de crise économique actuel.
"MOLLETISME EUROPÉEN"
Dans la foulée, un projet de document du PS s'en est pris à "l'intransigeance égoïste" d'Angela Merkel sur le sujet, obligeant le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à intervenir pour obtenir la suppression des passages les plus virulents et à défendre, via un message "tweeté", "un dialogue intense et sincère" entre Paris et Berlin.
Selon Manuel Valls, "faire croire à nos compatriotes que c'est l'Allemagne qui porte seule la responsabilité de la situation actuelle, c'est renforcer les populismes qui gagnent l'Europe."
"Il ne peut pas y avoir de recherche de bouc-émissaire qui aurait le visage d'Angela Merkel. Si elle gagnait les élections en septembre, que ferions-nous? Nous déclarerions la guerre à l'Allemagne?", a-t-il demandé.
Interrogé sur le document du Parti socialiste, Michel Sapin a estimé qu'"il peut y avoir la tendance, la volonté d'exprimer de manière outrancière la réalité d'un débat", pour ajouter: "Mais si on veut que le débat ait vraiment lieu, il faut éviter les mots qui blessent."
Sur Canal+, la présidente du Front national Marine Le Pen s'est étonnée "qu'il ait fallu tant de temps au Parti socialiste pour se rendre compte que Mme Merkel défendait les intérêts de l'Allemagne et défendait l'austérité", avec pour "seul et unique objectif de sauver l'euro."
Jean-Luc Mélenchon, du Parti de gauche, a estimé pour sa part sur France 3 que les socialistes "ont compris qu'il n'y a pas d'Europe constructible et viable qui ne passe par un rapport de force et un changement complet de cap".
Mais il a mis en garde contre un "molletisme européen" des socialistes -en référence à l'ancien dirigeant de la SFIO, l'ancêtre du PS, dans les années 1950 et 1960, Guy Mollet- à savoir qu'"on parle très fort et après on fait le contraire", en l'occurrence qu'ils "aboient sur Mme Merkel de manière à ce qu'on ne regarde pas trop ce qu'ils sont en train de faire, c'est-à-dire du Merkel en France."
Yann Le Guernigou, édité par Pascal Liétout