BFMTV
Politique

Un "loupé" policier en France dans l'enquête sur ETA

BFMTV
PARIS - Le parquet de Paris a reconnu samedi une erreur dans la diffusion la veille d'images d'une caméra d'hypermarché censées montrer cinq...

PARIS (Reuters) - Le parquet de Paris a reconnu samedi une erreur dans la diffusion la veille d'images d'une caméra d'hypermarché censées montrer cinq militants de l'ETA recherchés pour le meurtre d'un policier.

Les hommes étaient en fait des pompiers catalans en vacances en France, sans rapport avec les faits.

Leurs familles s'étant manifestées auprès de la police, ils ont été blanchis, a dit un porte-parole du procureur : "Ils ont été entendus, mis hors de cause et cette piste est abandonnée."

Le ministère de l'Intérieur pourrait retirer l'appel à témoins et les réquisitions judiciaires envoyées aux médias et leur imposant en théorie la diffusion des images, une procédure rarement utilisée. Aucune décision n'a cependant été notifiée.

Les images montraient les cinq hommes entre 09h00 et 10h30 à l'entrée d'un hypermarché Carrefour de Villiers-en-Bière (Seine-et-Marne) mardi dernier, quelques heures avant le crime survenu sur un chemin de traverse proche de cette localité.

Le parquet et la police ont tenté de justifier la diffusion de cet enregistrement en expliquant qu'il semblait avoir été validé côté français et espagnol.

C'est le témoignage d'un policier à la retraite ayant aperçu à l'hypermarché un groupe parlant espagnol qui avait amené les enquêteurs à visionner les images de vidéosurveillance.

Trois gardiens de la paix impliqués dans la fusillade avaient cru ensuite reconnaître sur les images des protagonistes du crime, a expliqué la porte-parole du parquet.

"On ne peut s'interdire aucune technique d'investigation et la diffusion de ces images permet de refermer cette piste", a-t-elle dit.

Frédéric Péchenard, directeur général de la police, est intervenu sur plusieurs médias pour présenter les mêmes explications, assurant par ailleurs que les enquêteurs espagnols avaient aussi cru identifier un etarra sur les images.

"Non seulement nous n'avons pas fait trop vite, mais nous avons fait exactement comme il le fallait", a-t-il dit sur France info.

ÉMOTION SUR LE CRIME

Le ministre de l'Intérieur espagnol Alfredo Perez Rubalcaba, qui a aussi fait diffuser la vidéo dans son pays, a également défendu la méthode, tout en admettant: "Probablement aurions-nous pu faire les choses mieux."

Le crime a suscité une forte émotion dans la police française, le brigadier-chef Jean-Serge Nérin, 52 ans, étant le premier policier ou gendarme français à tomber sous les coups de l'organisation basque espagnole.

Nicolas Sarkozy a aussitôt annoncé son intention d'alourdir les peines contre les meurtriers de policiers, une proposition que l'opposition voit comme une manoeuvre politicienne, juste avant le second tour des élections régionales de dimanche.

Les images de l'hypermarché, peu nettes, ne montraient pas la jeune femme "aux cheveux clairs, âgée de 30 à 40 ans", qui a été vue par les policiers au moment de la fusillade.

Elles ne montraient pas non plus l'homme arrêté sur place au moment de la fusillade, Joseba Fernandez Aspurz, 27 ans, qui a reconnu appartenir à l'ETA devant la police française.

Il devait être présenté samedi à un magistrat pour être mis en examen, mais on sait qu'il ne s'agit pas du meurtrier puisqu'il était menotté quand Jean-Serge Nérin est mort.

Les enquêteurs ont retrouvé sur place des indices qui impliquent l'ETA, une arme dérobée dans une opération de l'ETA en 2006 dans une armurerie de Vauvert (Gard) et une plaque minéralogique provenant d'un vol commis aussi en 2006 par l'ETA.

La police avait aussi diffusé, en plus des images vidéo, la photo d'Arkaïtz Aguirregabiria de Barrio, 27 ans, présenté comme un "haut responsable de l'appareil militaire" d'ETA, et comme possible suspect de l'affaire Nérin.

C'est un témoin du vol de voitures ayant précédé le meurtre du policier français qui a cru le reconnaître sur une série de clichés d'activistes basques, a précisé le parquet. On ignorait samedi si la police maintenait ses réquisitions aux médias sur ce point.

Thierry Lévêque, avec Nicolas Bertin et le bureau de Madrid, édité par Jean-Stéphane Brosse