BFMTV
Politique

Un juge français place Manuel Noriega en détention provisoire

Me Olivier Metzner, l'un des avocats français de Manuel Noriega. Un juge français a ordonné mardi le placement en détention provisoire de l'ancien dictateur du Panama, que la justice française souhaite rejuger pour blanchiment d'argent de la drogue dans l

Me Olivier Metzner, l'un des avocats français de Manuel Noriega. Un juge français a ordonné mardi le placement en détention provisoire de l'ancien dictateur du Panama, que la justice française souhaite rejuger pour blanchiment d'argent de la drogue dans l - -

PARIS - Un juge français a ordonné mardi le placement en détention provisoire de l'ancien dictateur du Panama Manuel Noriega, que la justice...

PARIS (Reuters) - Un juge français a ordonné mardi le placement en détention provisoire de l'ancien dictateur du Panama Manuel Noriega, que la justice française souhaite rejuger pour blanchiment d'argent de la drogue dans les années 1980.

Le juge des libertés et de la détention a rejeté les arguments des avocats de Manuel Noriega, qui ont contesté la compétence de la justice française pour le juger, et a annoncé qu'il serait écroué à la prison parisienne de la Santé.

"Sa mise en liberté (...) déboucherait à coup sûr par une fuite à l'étranger", a dit Jean-Michel Maton à l'audience.

Les avocats de Manuel Noriega ont immédiatement annoncé qu'ils contesteraient cette décision.

"Nous allons entamer toutes les procédures adaptées à cette situation", a dit Olivier Metzner à des journalistes.

"On va soulever, le 12 mai devant le tribunal, le problème de l'immunité du général Noriega. Nous allons faire appel de cette décision aujourd'hui, nous allons aller sur tous les fronts pour l'emporter", a-t-il ajouté.

Le général Noriega, 76 ans, a été extradé dans la nuit de lundi à mardi en France depuis les Etats-Unis, où il a passé 17 ans en prison pour trafic de stupéfiants.

Il avait été condamné par défaut en 1999 par le tribunal correctionnel de Paris à dix ans de prison. Il lui est reproché d'avoir transféré sur des comptes bancaires français près de 2,3 millions d'euros (15 millions de francs).

La date du nouveau procès n'est pas encore connue mais le ministère de la Justice a indiqué qu'il pourrait être organisé dans une période de deux mois, renouvelable une fois.

"JE SUIS MALADE"

Lors de son procès en France, la justice avait estimé qu'il savait que cet argent provenait du trafic de stupéfiants.

L'ancien général panaméen conteste les faits qui lui sont reprochés, faisant valoir que ces fonds provenaient de la CIA, dont il était un collaborateur depuis le début des années 1970.

Ses avocats Yves Leberquier et Olivier Metzner contestent cette incarcération et affirment surtout que leur client doit bénéficier du statut de prisonnier de guerre que lui a accordé la justice américaine.

Invoquant les Conventions de Genève, Me Leberquier a mis notamment en cause la vétusté et la surpopulation des prisons françaises pour contester son placement en détention.

"J'ai droit à tout ce à quoi la Convention de Genève se réfère", a dit Manuel Noriega lors de l'audience.

"Je suis malade", a-t-il ajouté. "Je souffre d'hypertension."

Capturé en janvier 1990 lors de l'intervention militaire américaine au Panama, Manuel Noriega avait été condamné en 1992 à Miami pour trafic de drogue, racket et conspiration.

L'ex-général a fini de purger sa peine il y a deux ans mais il est resté incarcéré dans l'attente de son extradition vers la France. Le Panama souhaite également le juger.

Né en janvier 1934, Noriega a fait carrière dans l'armée avant de devenir le dirigeant de facto du pays de 1983 à décembre 1989. Il a été destitué par l'intervention américaine.

Le général a d'abord été proche de Washington. Mais son soutien aux dirigeants cubain Fidel Castro et lybien Mouammar Kadhafi, sa proximité avec un cartel colombien de la drogue, entre autres, lui ont valu de perdre le soutien des Etats-Unis.

"Depuis 20 ans en prison, il est un peu blasé de tout cela, il a le sentiment d'être l'objet d'un règlement de compte politique au niveau américain", a dit Olivier Metzner.

L'ambassadeur de Panama en France a déclaré mardi à Reuters que son pays adressait une demande d'extradition à la France.

"Il a été jugé au Panama et reconnu coupable de divers crimes ", a ajouté Henry Faarup à Reuters.

Manuel Noriega devrait en principe passer au moins 20 ans en prison au Panama, "mais puisqu'il a 76 ans, il y a une loi qui dit qu'après 70 ans vous ne pouvez pas être mis en prison, mais seulement en résidence surveillée", a ajouté l'ambassadeur.

Jean-Baptiste Vey et service France, édité par Yves Clarisse