UDI : une naissance et un divorce

Les Coulisses de la politique, de Christophe Jakubyszyn, sur RMC du lundi au vendredi à 7h20 - -
Ce pourrait être le titre d’un film : « Une naissance et un divorce ». En tout cas c’est un bon résumé de la journée de dimanche. La naissance, c’est celle d’un nouveau parti politique : l’Union des démocrates et indépendants (UDI). Dirigé par Jean-Louis Borloo, il veut rassembler tous les électeurs qui ne se reconnaissent plus dans une UMP qui, selon lui, se droitise, et flirte avec les thématiques du Front national. C’est aussi un appel aux électeurs du centre, à qui il arrive de voter socialiste, comme en 2012, mais qui sont déjà revenus de la politique du gouvernement, notamment avec les hausses d’impôts et de taxes qui vont frapper les classes moyennes. Des électeurs du centre déboussolés aussi par l’attitude de François Bayrou qui a dit voter personnellement pour François Hollande.
Mais vous parlez aussi d’un divorce…
Oui, 10 ans après la fusion du RPR et de l’UDF au sein de l’UMP, on a eu l’impression que la parenthèse se refermait. Car l’UDI se revendique clairement de l’UDF. Et tout était fait dimanche pour que l’électorat de droite comprenne que le divorce avec l’UMP était prononcé. Toutes les figures du centre droit, les figures historiques de l’UDF étaient là. Simone Weil d’abord. Figure emblématique des combats pour le droit des femmes et pour la politique européenne. Une Simone Weil qui ne s’exprime plus publiquement à la tribune mais qui a souhaité être présente dimanche pour passer le flambeau à Jean-Louis Borloo. Et puis autre figure de l’UDF, évidemment, Valéry Giscard d’Estaing.
Alors justement, est-ce que l’UDI ne risque pas de paraître un peu anachronique ?
Bien sûr, les dirigeants de l’UDI se sont posé la question avant de mettre en avant ces grandes figures historiques de l’UDF. Mais nous sommes en politique, donc en communication aussi… L’idée dimanche était de faire comprendre aux Français que le divorce avec l’UMP était consommé, que la droite remarchait de nouveau sur deux jambes, RPR et UDI, et que donc les électeurs de droite allaient de nouveau pouvoir faire leur choix à chaque élection. Il fallait pour cela faire appel à la mémoire collective, se souvenir qu’il y a 10 ans la droite était représentée par ses deux sensibilités.
Une partie importante de l’UDF est restée à l’UMP. Jean-Pierre Raffarin par exemple.
Y’a-t-il d’autres nom ? Je vous aide : Dominique Bussereau, Philippe Douste-Blazy… Autant dire que l’UDF s’est un peu dissoute dans l’UMP. Et qu’il est bien difficile aux hommes et aux femmes du centre droit d’exister au sein de l’UMP. On l’a vu dimanche, après le ralliement de Rama Yade il y a un an, c’est au tour de Chantal Jouanno de rallier l’UDI. Chantal Jouanno dimanche : première prise de guerre de l’UDI à l’UMP. Alors sans donner trop d’importance à Chantal Jouanno, ce qui est intéressant c’est qu’elle n’avait jamais cessé de prendre ses distances par rapport à l’UMP à qui elle reprochait de reprendre les mots et l’agenda du Front national.
C’est un coup dur pour l’UMP ?
Oui et non. Non, car l’UDI reste un allié de l’UMP. Le pari de Jean-Louis Borloo est de ratisser large pour une alliance future UDI-UMP. Mais c’est aussi un coup dur car les listes que l’UDI présentera aux municipales et aux européennes de 2014 vont créer un appel d’air aux électeurs de l’UMP inquiets de la ligne politique de l’UMP.
Autre problème : On sait par exemple que la relation entre François Fillon et Jean-Louis Borloo est détestable… Si François Fillon remporte la bataille de l’UMP, l’alliance s’annonce compliquée.
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