Tribune de Sarkozy: "Pas l'événement central de la campagne"

Du PS au FN en passant même par son propre camp de l'UMP, les réactions à la tribune de l'ancien président de la République parue ce jeudi dans "Le Point" sont assez mitigées. Revue de petites phrases.

Il rompt son silence. Encore. Pour la première fois depuis son intervention dans Le Figaro en mars dernier, Nicolas Sarkozy s'exprime dans une nouvelle tribune, parue ce jeudi dans Le Point et le quotidien allemand Die Welt. L'ex-président de la République y évoque sa vision de l'Europe, à quelques jours d'élections européennes qui risquent de consacrer les extrêmes.

Une manière, aussi, pour l'ancien chef de l'Etat, d'essayer de remotiver et rassembler les troupes de l'UMP, en rangs dispersés depuis quelques semaines. Une lettre de position mollement accueillie, même dans son propre camp...

> "Utile" mais pas majeure pour l'UMP

Ainsi, si l'actuel président du principal parti d'opposition, Jean-François Copé, s'est félicité de voir Nicolas Sarkozy "appeler les Français à la mobilisation", Laurent Wauquiez a simplement qualifié cette tribune "d'utile au débat". Eurosceptique assumé, l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur s'est récemment attiré les foudres de son parti pour sa position tranchée.

La déclaration qui restera la plus marquante émane de François Fillon. Premier ministre de Nicolas Sarkozy lors de l'intégralité de son quinquennat, il a, d'un côté, ce jeudi matin sur i>Télé, jugé "excellente" la prise de parole de son ancien chef de file. Pourtant, la veille, sur l'antenne de BFMTV, il était plus mitigé: "Cela paraît ne pas mériter plus de commentaire", avait-il commenté. "Ce n'est pas l'événement central de la campagne". C'est dit.

Utile engagement de N. Sarkozy pour l'Europe dans sa tribune du Point. J'en partage l'analyse et les orientations.
— Alain Juppé (@alainjuppe) 22 Mai 2014

> "Sarkozy critique le bilan de Sarkozy" pour le PS

A gauche, les réactions sont plutôt rares. Mais de concert, la tribune de Nicolas Sarkozy est perçue comme une sorte d'autocritique de et par l'ancien Président.

De Barcelone, Valls a demandé à @jccambadelis s'il avait lu la tribune de Sarkozy. Réponse: "Oui, c'est une critique du quinquennat Sarkozy"
— Nathalie Segaunes (@NSegaunes) 21 Mai 2014

En meeting dans sa ville natale de Barcelone, Manuel Valls a déclaré que "ce qu'il faut changer dimanche prochain, c'est le bilan de Nicolas Sarkozy". "Les politiques conservatrices qui ont mené l'Europe à l'échec dans les domaines de la croissance et de l'emploi sont le fait de Nicolas Sarkozy et de ses amis pendant des années", a martelé le Premier ministre.

Même son de cloche pour Harlem Désir, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, interrogé par RFI.

La tribune de Nicolas Sarkozy dresse un bilan sévère de dix ans de droite en Europe #EP2014 #RFI
— Harlem Désir (@harlemdesir) 22 Mai 2014

> Il veut "piquer des voix au FN" pour EELV

"Sarkozy parle de l'Union européenne uniquement par rapport à lui", a tancé sur BFMTV José Bové, candidat tête de liste Europe Ecologie-Les Verts aux élections européennes pour le Sud-Ouest. Karima Delli et Cécile Duflot ne se sont, en revanche, pas prononcées sur le sujet.

> Le FN s'en donne à cœur joie

Une "tribune en toc". En passe d'arriver en tête aux élections européennes, le Front national s'est lâché. Pour Florian Philippot, vice-président du FN, Nicolas Sarkozy joue au "comique de répétition en nous refaisant sans cesse les mêmes promesses jamais tenues au pouvoir". "Sarkozy brasse du vent", juge de son côté Louis Aliot, lui aussi vice-président du mouvement.

Sarkozy brasse du vent à qq jours du scrutin. A t-il oublié le traité de Lisbonne et le TBE contre la svté du peuple et l'indépendance...?
— Louis Aliot (@louis_aliot) 21 Mai 2014

Jérémy Maccaud