Deux anciens généraux radiés pour "manquement au devoir de réserve"

Un militaire français, Octobre 2017, France. (Photo d'illustration) - Geoffroy Van Der Hasselt - AFP
Deux anciens généraux ont été radiés "pour manquement au devoir de réserve", a appris l'AFP ce mercredi 23 avril auprès du ministère des Armées*.
Les décrets de "radiation des cadres par mesure disciplinaire" des généraux de deuxième section ("2S") André Coustou et Paul Pellizzari ont, par ailleurs, été publiés samedi dernier au Journal officiel. Les militaires sont aujourd'hui retraités, mais toujours susceptibles d'être rappelés.
Le général de brigade André Coustou figurait parmi la vingtaine de généraux signataires d'une tribune controversée parue dans Valeurs actuelles le 21 avril 2021, le jour même du 60e anniversaire d'une tentative de putsch de généraux hostiles à la politique du président Charles de Gaulle pendant la guerre d'Algérie.
"La sauvegarde de la nation"
Les signataires dénonçaient le "délitement" du pays, "la haine entre communautés" alimentée par "un certain antiracisme", ainsi que "l'islamisme et les hordes de banlieue". Ils se disaient également "disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation" et prévenaient que si "le laxisme continue à se répandre", cela rendrait nécessaire "l'intervention de nos camarades d'active".
À un an de la présidentielle de 2022, cette tribune avait déclenché une vive polémique, l'armée étant habituellement surnommée en France "la Grande Muette" pour son absence d'implication dans le débat politique.
La ministre des Armées d'alors, Florence Parly, avait elle dénoncé une tribune "irresponsable" et promis des sanctions.
Le second général de brigade radié, Paul Pellizzari, a quant à lui déposé une plainte en avril 2024 devant la Cour de justice de la République (CJR) contre le Premier ministre Gabriel Attal, Sébastien Lecornu (Armées) et Stéphane Séjourné (Affaires étrangères), pour dénoncer la cession à l'Ukraine d'équipements militaires prélevés sur les stocks de l'armée française.
"Cette plainte n'a pas été classée sans suite, mais déclarée irrecevable" car relevant du ministère public, a précisé l'intéressé dans un droit de réponse publié par les journaux Le Parisien et l'Essor. En mai 2024, le haut gradé en retraite a mis en demeure le procureur général d'engager des poursuites.
Selon le général Pellizzari, sa radiation constitue "une mesure de représailles illégales liée à sa plainte", qu'il entend "contester devant le Conseil d'Etat".
Article modifié le 12 mai 2025 en raison d'une demande de droit de réponse. Correctif apporté: le général Pellizzari n'a pas signé la tribune des généraux de 2021, il est l'auteur d'une plainte déposée auprès de la Cour de justice de la République, qu'il estime être à l'origine de sa radiation.
Droit de réponse
"Le 16 avril 2025, aux côtés de 67 autres militaires, M. PELLIZZARI, Général de brigade 2S, expert en logistique militaire, a fait signifier par huissiers aux Présidents des deux Assemblées une résolution citoyennesymbolique demandant le respect des articles 35 et 53 de la Constitution, s'agissant de l'engagement militaire et financier de la France en Ukraine. Relayée par plus de 20.000 personnes et diverses associations, cette résolution a été officiellement déposée le 24 avril 2025 par le Sénateur Houpert et enregistrée par le Sénat sous le numéro 547. Le Gouvernement est tenu de se prononcer rapidement sur son inscription à l'ordre du jour.
Le 23 avril 2025, M. PELLIZZARI a appris par la presse la publication au Journal officiel d'un décret présidentiel du 17 avril prononçant sa radiation des cadres pour mesure disciplinaire. A ce jour, aucune notification individuelle, pourtant requise par la loi, ne lui a été adressée.
Cette procédure disciplinaire, engagée en décembre 2024, ne fait pas suite à une participation à "une tribune controversée en 2021" dont il n'est pas signataire, mais à la plainte pénale qu'il a déposé devant la Cour de Justice de la République contre messieurs Attal, Séjourné et Lecornu pour livraison illégale d'armes à l'Ukraine depuis 2022. Cette plainte n'a pas été classée sans suite mais déclarée irrecevable au mois d'avril 2024, au motif que l'infraction dénoncée lèserait l'intérêt général et non l'intérêt particulier de M. PELLIZZARI si bien qu'elle doit être poursuivie par le ministère public. C'est pourquoi en mai 2024, il a mis en demeure le Procureur Général d'engager des poursuites. Ce dernier n'a pas encore répondu mais la prescription des crimes est trentenaire.
Considérant sa radiation comme une mesure de représailles illégales liée à sa plainte, il entend la contester devant le Conseil d'État."