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Trappes : la gauche et la droite feraient mieux d'agir au lieu de s'accuser

Les Coulisses de la Politique par Véronique Jacquier

Les Coulisses de la Politique par Véronique Jacquier - -

Encore une nuit tendue à Trappes dans les Yvelines. La gauche et la droite s'accusent mutuellement de cette flambée de violence. Tous feraient mieux d'agir plutôt que de parler.

C'est édifiant ce que nous avons vu et entendu ce weekend. Il y a le feu à Trappes. Des voitures brulées, des Abribus brisés, des CRS déployés. Le pompier du gouvernement, Manuel Valls, intervient. Mais le discours est incantatoire. « Ce qu'il se passe est inacceptable, les gens de Trappes peuvent compter sur moi », dit le ministre de l'Intérieur sur BFMTV. Et la droite met de l'huile sur le feu. Les anciens ministres Brice Hortefeux et Christian Estrosi dénoncent le laxisme du gouvernement et la montée du communautarisme. D’un côté l'incantation, de l'autre l'agitation. Tout ça est bien stérile !

Pourquoi ? Manuel Valls ne fait pas bien son travail ?

Si ! Il a fait ce qu'il avait à faire en appelant au calme. C’est de la communication. Ce n'est pas de l'action politique. Avant lui, souvenez-vous en 2005, Nicolas Sarkozy avait fait la même chose. Il voulait « nettoyer au kärcher » la cité des 4 000 à la Courneuve. La gauche et la droite n'apportent pas de réponse aux flambées de violence qui sont latentes. Dimanche, l'ancienne ministre Rachida Dati a dénoncé l'échec coupable de la gauche dans les banlieues mais elle a aussi demandé à la droite de ne pas s'exonérer de toute responsabilité. C’est bonnet blanc et blanc bonnet.

Mais qu'est-ce que le gouvernement peut faire pour apporter des réponses ?

Avoir une politique ambitieuse dans des territoires abandonnés par la République. En coulisse, plusieurs députés m'ont dit : il faut rétablir le service militaire. Le réinventer sous une forme améliorée du service civique. Un autre, et c'est plus tabou, m'a dit: « Quoi ? On fait la guerre aux islamistes au Mali et chez nous on se laisse déborder par l'interpellation d'une femme intégralement voilée ! ». Manuel Valls met en avant ses Zones de sécurité prioritaire (ZSP) avec renfort de police dans les quartiers difficiles. Mais ça ne suffit pas. Il faut un vrai plan de lutte contre le chômage qui est deux fois plus élevé en banlieue qu'ailleurs. Signe du malaise des politiques : la place minime occupée par la banlieue dans la campagne présidentielle de 2012.

Et la loi sur le voile intégral. Il n'est pas question d'y toucher...

Ah non ! Même si des voix s'élèvent à gauche depuis les évènements de Trappes. La sénatrice écologiste Esther Benbassa parle de « dérives auquel donne lieu un contrôle d'identité injuste et injustifié ». La gauche est divisée. La loi qui interdit la dissimulation du visage a été votée en juillet 2010. Votée par une majorité de droite et du centre et par seulement 14 socialistes dont... Manuel Valls... C'est pourquoi peu de socialistes s'aventurent pour commenter les évènements de Trappes. Quant au président de la République, silence radio ! Le contraire d'un Nicolas Sarkozy qui serait allé sur le terrain. François Hollande soigne sa posture présidentielle. Dimanche, visite à Jacques Chirac lors d'une journée passée en Corrèze. Pendant que le feu brûle à Trappes ! Ça donne un sentiment de décalage avec ce que vivent les Français. Attention, le prochain pompier peut s'appeler Marine Le Pen.

Retrouvez la chronique de Véronique Jacquier du lundi 22 juillet : Les Coulisses de la Politique

Véronique Jacquier