Théorie du genre: la rumeur enflamme le débat politique

La rumeur de la théorie du genre enseignée à l'école a poussé de nombreux parents d'élèves à boycotter les écoles. (photo d'illustration) - -
Qui a lancé la rumeur sur l'enseignement de la théorie du genre à l'école primaire, diffusée par SMS aux parents d'élèves? Le gouvernement en est convaincu, elle provient de mouvements proches de l’extrême droite négationniste. Le parti socialiste, lui, évoque des groupuscules intégristes de toute obédience qui manipulent l'opinion. Le PS a d'ailleurs demandé à l'opposition de condamner cette divulgation d'informations mensongères. Mais à droite, certains s'y refusent.
Une inquiétude "justifiée"
"Il y a un certain nombre de projets qui veulent enseigner dès les plus jeunes classes une forme d'indifférenciation sexuée qui ouvre la porte ensuite à toutes les possibilités de comportement sexuel", estime Jean-Frédéric Poisson, président du parti Chrétien-Démocrate. "C'est quelque chose qui inquiète à juste titre les parents et qui justifie, je crois, une forme de mouvement de leur part", ajoute-t-il.
L’appel au boycott de l’école vient de Farida Belghoul, professeur de français et d’histoire-géographie. Cette ancienne militante communiste de 55 ans a également été vue aux côtés de Dieudonné et d’Alain Soral, le maître à penser du polémiste. L’enseignante, aujourd’hui en disponibilité, refuse de parler aux médias. Mais pour elle, la promotion de l’égalité hommes-femmes à l’école est un crime contre les enfants. Du pur fantasme, pour les défenseurs du projet.
"Théorie fumeuse"
"Ceux qui manipulent cela jouent sur un sujet qui est la question de l'identité. Dans un pays où l'identité est mise dans le débat politique comme étant un sujet de peur, on essaye de greffer une deuxième peur sur l'identité sexuelle", estime Laurence Rossignol, porte-parole du PS. "Quel mauvais procès fait à l'Education nationale et à la République".
De son côté, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a vivement réagi à la polémique, au micro d'Europe 1, se disant "scandalisée par les propos de Jean-François Copé sur le sujet, [...] qui fait le pari de la peur, du fantasme, de l'inquiétude des parents". "En venant soutenir cette théorie complètement fumeuse de Farida Belghoul, Jean-François Copé se range du côté des extrêmistes contre la République et ses valeurs", a ajouté Najat Vallaud-Belkacem.
L’appel au boycott de l’école court jusqu’au 10 février. Quant au projet expérimental de l’Education nationale, il n’est en aucun cas prévu d’y mettre fin.