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Politique

Thème 1: L'Arche de Zoé

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Le sentiment de Jacques Attali à propos de l’Arche de Zoé. Pour le président de la Commission pour la libération de la croissance française, le rôle de la France dans cette affaire est surprenant.

J-J B : Quelques mots sur cette opération de l’Arche de Zoé. Comment regardez vous ce qu’il se passe, est ce qu’il n’y aurait pas manipulation de la part de l’Etat tchadien, est ce que le Gouvernement français a fait ce qu’il fallait ?
J A : Je regarde ça en observateur extérieur et je suis assez surpris du comportement de la France dans cette affaire.

J-J B : Pourquoi ?
J A : Parce que normalement on doit respecter la présomption d’innocence et ne pas demander que ses ressortissants soient jugés par la justice étrangère comme l’a fait l’ambassadeur de France après avoir été ensuite contredit par le Président de la République, ce qui est quand même surprenant pour un ambassadeur. Je ne trouve pas cela normal, surtout quand on a en face de nous un pays dont l’indépendance en justice semble particulière, en plus avec un Président de la République local qui accuse les français de pédophilie, de trafic d’organes, qui indique que leur sort dans les prisons locales ne va pas être extraordinairement facile. Quelles que soient leurs fautes qui sont considérables, il faut faire jouer la présomption d’innocence et la tradition française veut qu’on demande que les citoyens français soient jugés en France et en tout cas transférés aussi vite que possible en France même s’ils sont jugés localement.

J-J B : Donc il faut absolument les faire revenir en France au plus vite, et si l’on doit les juger, les juger dans notre pays ?
J A : Oui.

J-J B : Ça veut dire que la présidence française a de tels enjeux dans la région qu’elle est obligée de suivre l’Etat tchadien ?
J A : Je n’en sais rien et je ne pense pas, je pense qu’il y a un mélange d’accusations diverses, de ministres ou de fonctionnaires qui ont voulu se retirer toute éventuelle responsabilité et la volonté en effet de protéger les négociations très importantes.

J-J B : Mais est ce que le Quai d’Orsay aurait pu empêcher cette opération ?
J A : C’est très bizarre et on n’en connaît pas tout mais le fait de dire que l’on savait que c’était pas bien et qu’en même temps on ne l’a pas empêché, il y a un vide qui me paraît être au moins une négligence.

J-J B : Et qu’en est-il du silence et de l’absence de Bernard Kouchner sur le sujet ?
J A : Je pense qu’il a des choses plus importantes.

J-J B : Vous regrettez cette absence ?
J A : Non, je pense que ce n’est pas le sujet, il y a une ministre qui a l’air de très bien faire son travail et qui s’en occupe et Bernard Kouchner ne peut pas être sur tous les fronts ; je pense qu’il y a maintenant une cohérence à retrouver qui est la cohérence de la présomption d’innocence, qui ne s’impose pas seulement aux journalistes et pas seulement aux hôtesses de l’air.

J-J B : Est-ce que vous comprenez d’ailleurs le fait que l’on dissocie le sort des journalistes à celui des membres de l’association ?
J A : Je donnerai mon point de vue sur cette affaire lorsque les uns et les autres commenceront à être ramenés en France.

La rédaction-Bourdin & Co