BFMTV
Politique

Tensions et surenchères entre Charlie Hebdo et Mediapart

placeholder video
Les deux publications, autrefois proches idéologiquement, se livrent aujourd'hui à une guerre par éditoriaux interposés.

La tension entre Charlie Hebdo et Mediapart atteint un nouveau palier. Dans son éditorial, le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire satirique accuse le directeur de Mediapart de "condamner à mort une deuxième fois" sa rédaction en disant que son journal prend part à une campagne "générale" de "guerre aux musulmans". Retour sur une polémique en plusieurs actes.

> Charlie accuse Plenel de complaisance envers Tariq Ramadan

La haine entre les deux publications remonte à janvier 2015, rappelle Le Monde. Peu de temps après le meurtre de 8 membres de la rédaction de Charlie, Edwy Plenel, directeur de Mediapart, affirme voir en Tariq Ramadan un "intellectuel responsable" et sans "ambiguïtés". Les deux publications, autrefois sur une même ligne idéologique, sont en profond désaccord.

Une divergence ranimée par les accusations de viol dont fait l'objet Tariq Ramadan. Charlie Hebdo accuse Edwy Plenel d'avoir été au courant des accusations et de les avoir tues. "Affaire Ramadan, Mediapart révèle: 'on ne savait pas'", se moque l'hebdomadaire satirique sur sa une, dessinant un Edwy Plenel se cachant les yeux et les oreilles à l'aide de sa moustache.

> La réponse de Plenel

Dimanche, cent trente personnalités ont signé une tribune en soutien à Mediapart, dénonçant "une campagne politique qui, loin de défendre la cause des femmes, la manipule pour imposer à notre pays un agenda délétère, fait de haine et de peur."

Edwy Plenel, lui, choisit de réagir vigoureusement et déclare:

"La une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne plus générale que l'actuelle direction de Charlie Hebdo épouse. Manuel Valls et d'autres, parmi lesquels ceux qui suivent Manuel Valls, une gauche égarée, une gauche qui ne sait plus où elle est, alliée à une droite voire une extrême droite identitaire, trouvent n'importe quel prétexte, n'importe quelle calomnie, pour en revenir à leur obsession: la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout ce qui concerne l'islam et les musulmans".

Une interview diffusée sur le site de Franceinfo.

> Riss condamne "un appel au meurtre"

La réponse de Riss, le directeur de Charlie Hebdo, est cinglante. Dans un éditorial paru ce mercredi, il écrit: "Cette phrase, 'la Une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne générale de guerre aux musulmans', nous ne la pardonnerons jamais. En la prononçant, Plenel condamne à mort une deuxième fois Charlie Hebdo. Cette phrase n'est plus une opinion, c'est un appel au meurtre".

"Si demain on nous liquide tous, si demain nous ne sommes plus là, espérons qu'il subsistera quelques courageux qui demanderont justice contre ceux qui nous auront frappés, mais aussi contre ceux qui les auront armés", conclut Riss, qui vit encore sous protection policière, comme une partie de l'équipe du journal.

> Plenel accuse Charlie de "manipulation"

De son côté, Edwy Plenel se défend d'avoir prononcé la phrase que lui prête Riss: "la phrase que me prête l'édito de Charlie n'a jamais existé", a-t-il dit sur Twitter. Il dénonce une "pure manipulation" de la part de Charlie Hebdo.

Ariane Kujawski