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Politique

Syrie : mieux valait un débat qu’un vote !

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, c'est tous les jours à 8h25 sur RMC.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, c'est tous les jours à 8h25 sur RMC. - -

Comme prévu se tenait hier mercredi à l’Assemblée nationale le débat sur l’éventualité d’une intervention armée en Syrie. Un débat qui, comme prévu, n’a été suivi d’aucun vote. Et tant mieux.

On avait eu un faux débat juridique pour savoir si un vote était utile, possible et nécessaire ; on a finalement eu un vrai débat politique (voire stratégique) sur l’utilité, la possibilité ou la nécessité d’une intervention en Syrie. L’intérêt, c’est que les orateurs ont exprimé leurs positions avec une certaine clarté – quand je dis « orateurs », ils étaient meilleurs sur le fond que sur la forme ; ça n’avait rien d’un concours d’éloquence… Mais on a vu deux impressions se clarifier : 1. Le gouvernement veut agir (donc la décision de François Hollande est prise). 2. L’opposition n’est pas contre l’intervention mais elle veut un mandat de l’ONU (ce qui n’arrivera pas).

-> Syrie : un débat sans vote est-il utile ?

Donc vous avez trouvé à ces échanges des vertus pédagogiques ; mais pourquoi pensez-vous qu

Pour éviter les points de vue caricaturaux. S’il y avait eu un vote à la fin de la séance, ce sont les enjeux politiciens et la discipline de parti qui auraient primé – alors que précisément, il m’a semblé qu’on en sortait un peu hier. Jean-Marc Ayrault aurait été dans la position du chef de gouvernement qui demande à sa majorité de lui voter la confiance – et malgré les états d’âme, c’est ce qui se serait passé. Tous les autres partis auraient campé sur des postures maximalistes en sachant que le vote était acquis. C’est dans ces conditions-là que le débat n’aurait servi à rien. On serait passé du juridisme au jésuitisme…

Jean-Marc Ayrault a tout de même laissé entendre que François Hollande pourrait, ultérieurement, demander un vote du Parlement. S

Pour apaiser l’opinion, sans doute : les sondages montrent que les Français souhaitent que le Parlement soit consulté. Pour embarrasser l’UMP, certainement : la droite reproche à François Hollande à la fois d’être isolé et de s’être lié aux Américains – c’est contradictoire… Si Obama obtient le feu vert de son Congrès, d’autres pays suivront (la Turquie, la Ligue arabe) et il y aura bien une coalition. A ce moment-là, si Hollande décide d’un vote, il est sûr de le gagner. L’UMP et les centristes auront du mal à voter contre, même sans feu vert de l’ONU, et les écologistes le suivront puisque, comme par miracle, ils ont cessé d’être pacifistes depuis qu’ils sont dans la majorité…

-> Intervention en Syrie : le Parlement doit-il voter ?

Le G20 s

La diplomatie de François Hollande est à la fois audacieuse et aventureuse. Il est parti la fleur au fusil – à mon sens, il a eu raison – mais sans consolider ses positions, surtout en Europe – c’était un tort. Il n’empêche qu’au total, Obama a hésité (à cause du précédent irakien), Merkel est muette (elle est en campagne), Cameron a pris une gifle, Poutine a (peut-être) commencé à reculer. Dans ce brouhaha, la vigueur de la position de François Hollande fait que la voix de la France peut porter : elle va être écoutée – ce qui ne veut pas dire qu’elle sera entendue.

Hervé Gattegno