"Stupide": Beaune critique un guide interne de la Commission européenne sur la communication inclusive

Le secrétaire d'Etat français Clément Beaune, le 21 septembre 2021 à Bruxelles - Kenzo TRIBOUILLARD © 2019 AFP
Après un début de polémique, un document interne à la Commission européenne évoquant des recommandations pour une communication plus inclusive, avait été retiré le 30 novembre dernier. Le texte conseillait par exemple d'éviter l'emploi de certains mots et expressions. D'après Le Figaro, il était notamment conseillé de privilégier le terme de "chers collègues" à "Mesdames et Messieurs". Selon le quotidien, un débat sur le sujet doit avoir lieu au Parlement européen ce mercredi à l'initiative de la droite européenne.
"C'était totalement stupide. La Commission européenne a mieux à faire que de redresser le langage. L'inclusion passe par des changements de pratiques plutôt que de savoir s'il faut dire 'Heureuses fêtes' ou 'Joyeux Noël', 'Marie' ou 'Malika'. Le pape lui-même s'en est ému et je crois - je le dis comme laïc - qu'il n'avait pas tort", critique le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes Clément Beaune, dans un entretien au Figaro mis en ligne mardi soir.
"Certains exemples fournis dans les recommandations sur la communication inclusive ont suscité des préoccupations", avait expliqué la commissaire européenne à l'Egalité, Helena Dalli, en annonçant via Twitter le retrait de ce document. La Maltaise avait ajouté que ses services travaillaient à "une version actualisée" de ces consignes. Rédigées en anglais, elles étaient destinées au personnel de la Commission pour leur communication, à la fois interne et externe.
Réactions du pape François et de Marine Le Pen
Le pape François, dans l'avion qui le ramenait d'Athènes à Rome le 6 décembre dernier, avait jugé que ce document était "un anachronisme", selon Famille Chrétienne, allant jusqu'à dresser un parallèle avec des régimes dictatoriaux: "Dans l’histoire, beaucoup de dictatures ont essayé de faire cela, pensez à Napoléon, pensez à la dictature nazie, à la dictature communiste, c’est un mode de laïcité édulcorée", avait-il dit, d'après l'hebdomadaire.
En France, Marine Le Pen avait réagi sur Twitter, déclarant que "la Commission européenne (voulait) bannir les mots 'fêtes de Noël' ou même 'Mesdames et Messieurs' car elle les juge discriminatoires'". La candidate d'extrême droite à la présidentielle dénonçait aussi "ces technocrates (qui) montrent leur vrai visage: celui de l'ennemi de nos identités, de nos racines, de nos traditions".
Le texte avait également suscité des réactions dans des titres de presse conservateurs européens. En France, rapporte l'AFP, l'hebdomadaire Le Point avait fustigé le 22 novembre un "lexique bien-pensant", qualifiant également le texte de "petit livre rouge de l'antisexisme et de l'égalité en tout genre".
Des recommandations sans valeur contraignante
Dans le communiqué annonçant le retrait du document, Helena Dalli avait expliqué que l'initiative "visait à atteindre un objectif important: illustrer la diversité de la culture européenne et mettre en valeur la nature inclusive de la Commission européenne envers tous les milieux et toutes les convictions des citoyens européens", en admettant toutefois que ce texte devait être retravaillé car il ne répondait pas "à cet objectif de façon adéquate".
Ces instructions n'auraient "pas eu tout (...) eu une quelconque valeur obligatoire" mais constituaient "des recommandations en matière de communication", avait pour sa part indiqué le porte-parole de la Commission européenne Eric Mamer.