Ségolène Royal se lâche !

Les Coulisses de la Politique, c'est tous les matins à 7h25 avec Véronique Jacquier. - -
« Elle est imprévisible ! », m'a dit mercredi soir un député socialiste que j'ai eu au téléphone, sonné par la charge de la présidente de la Région Poitou Charente. Parce que ce qu'elle balance est costaud ! La phrase qui tue: « J'ai un charisme, de l'aura, du poids. Au gouvernement je leur ferai de l'ombre ». Autre phrase assassine, à propos de son rêve d'être présidente de l'assemblée nationale: « Ça n'aurait pas été mauvais pour le pouvoir que ce soit moi. J'aurai fait vivre le parlement ». Sympa pour Claude Bartolone (invité ce jeudi à 8h35). J’ai demandé à Charlotte Chafanjon, la journaliste du Point qui a réalisé l'interview, si elle confirmait les confidences de l'ancienne candidate à la présidentielle. Elle m'a dit: « Je les confirme à la virgule près ».
-> Ségolène Royal : "Au gouvernement, je leur ferais de l'ombre"
Alors pourquoi Ségolène Royal dément-elle l'intégralité des propos rapportés ?
C'est une stratégie politique. Ségolène Royal décoche ses flèches, le mal est fait, mais officiellement elle ne s'abaisse pas à la critique. Elle écrit sur Twitter: « Chacun sait que ce n'est ni mon état d'esprit ni mon niveau de réflexion ». Mais pourquoi n'a-t-elle pas tenu sa langue ? Surtout qu'elle ne mâche pas ses mots, notamment sur Arnaud Montebourg, son porte-parole pendant la campagne de 2007: « Il se prend pour un acteur américain ». Delphine Batho, son ancienne protégée ? « C'est une manipulatrice politique ». Le plus croustillant concerne Martine Aubry: « Je n'aurais pas dû me laisser voler le congrès de Reims », allusion à la bataille perdue pour être première secrétaire du PS en 2008. Elle estime que la tribune publiée par Martine Aubry fin août dans un grand journal du soir est un pompage inconscient de ses idées ! J'ai eu hier soir un proche de Martine Aubry en ligne. Un commentaire: « Ségolène ne peut pas s'empêcher de faire parler d'elle ».
Elle n'a toujours pas digéré ses échecs successifs ?
Elle a toujours sur l’estomac: la présidentielle, le congrès de Reims, la primaire du PS, les dernières législatives. Elle le dit d'ailleurs mais en se donnant le beau rôle. « Les gens m'ont vu souffrir, être trahie et résister. Je suis un personnage sécurisant ». Et puis Ségolène Royal veut reprendre pied en politique. Elle a eu son heure de gloire à la Rochelle il y a dix jours. Elle envoie le message suivant: « On a bien tort de se passer de moi ».
Oui, mais quel avenir politique peut-elle avoir chez les socialistes ?
Pas ou peu d'avenir. « Le retour de Ségolène ? Ce n'est plus un sujet au PS », selon un député socialiste. Elle a de moins en moins de militants au sein de Désir d'avenir, donc moins de poids politique. Mais elle n'attend rien du parti socialiste. En coulisse, il se murmure, selon certains parlementaires, qu’elle se verrait bien à la présidence du Conseil constitutionnel, succéder à Jean Louis Debré en février 2016. Qui nomme le président du Conseil constitutionnel ? François Hollande. Ce serait un cadeau royal pour une reine sans couronne.