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Politique

Scolarisation d'enfants Roms: le maire de Saint-Ouen ne peut "digérer toute la misère du monde"

Le maire UDI de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, refuse d'accueillir les enfants roms à l'école.

Le maire UDI de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, refuse d'accueillir les enfants roms à l'école. - Norbert Eder - Flickr

Depuis le printemps 2016, William Delannoy, maire centriste de Saint-Ouen, refuse d'accueillir les enfants Roms dans les écoles de sa commune. Il justifie sa position illégale ce mardi.

A Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, le maire UDI, William Delannoy refuse que les enfants Roms, vivant dans des camps sauvages sur la commune, soient scolarisés, et ce depuis le printemps 2016.

"J'ai hérité d'une ville surendettée, ce qui m'a obligé à augmenter les impôts de 45%, j'ai 70% de la population qui ne paie pas l'impôt sur le revenu, 4.500 demandeurs de logement social, des écoles surchargées: je ne peux plus digérer toute la misère du monde!", affirme le maire ce mardi à l'AFP.

Une position qui est illégale. En France, la loi stipule que la scolarisation des enfants est obligatoire entre 6 et 16 ans, quelles que soient leurs origines. Les maires sont donc tenus d'inscrire à l'école tous les enfants résidant sur leur commune, même dans un bidonville. "On ne scolarise que les enfants qu'on estime prêts à suivre une bonne scolarité. Cet enfant l'était, comme une vingtaine d'autres", déplore Andréa Caizzi, président de l'association Aset 93 (Aide à la scolarisation des enfants tziganes).

"J'assume ma décision"

Selon France 3 Paris-Ile de France, le maire de Saint-Ouen est en colère après le gouvernement.

"L'Etat ne fait rien dans le cas de ces installations illégales de campements dans une commune, déclare William Delannoy, Saint-Ouen a déjà beaucoup de problèmes. Pensez-vous qu'on puisse en gérer d'autres encore?"

Avec cette provocation, le maire centriste espère attirer l'attention de l'Etat et mettre en valeur les problèmes que rencontre sa commune avec la population Roms. Et ce n'est pas le premier à utiliser cette technique. Les maires de Maubeuge dans le Nord, Uzès dans le Gard, Sucy-en-Brie ou encore Levallois-Perret en région parisienne ont déjà refusé l'accès à l'école aux enfants issus de la communauté Roms. A chaque fois, la justice a contraint les communes à accueillir ces enfants dans les établissements scolaires.

"Je ne suis pas à l'aise avec cette décision sur le plan moral mais je l'assume", s'est défendu William Delannoy. 

Les associations montent au créneau 

De leur côté, les associations qui défendent la scolarisation de ces enfants, s'élèvent contre le maire pour que les élèves jouissent de leurs droits. Jacques Toubon, le Défenseur des Droits a été alerté, il a aussitôt saisi le préfet et le rectorat. "Deux courriers ont été envoyés au maire" mais sont restés pour l'heure sans réponse, a indiqué une porte-parole, précisant que plusieurs enfants étaient concernés.

"Les associations font du forcing pour mettre les enfants dans les écoles", juge le maire, qui en appelle donc à l'Etat pour résoudre le problème. 

la rédaction