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Sciences Po Grenoble: Frédérique Vidal rappelle que "traiter quelqu'un d'islamophobe peut tuer"

La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal s'adresse à des étudiants à Poitiers, le 23 février 2021.

La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal s'adresse à des étudiants à Poitiers, le 23 février 2021. - GUILLAUME SOUVANT © 2019 AFP

La ministre de l'Enseingement supérieur a réagi au micro d'Europe 1 à l'affaire qui secoue l'IEP de Grenoble, sur des accusations d'islamophobie visant deux professeurs. Des faits qu'elle "condamne très fortement".

La ministre de l'Enseignement supérieur a pris la parole ce mercredi, pour réagir à l'affaire qui secoue Sciences Po Grenoble depuis plusieurs jours, autour d'accusations d'islamophobie visant deux professeurs par le biais d'un affichage sauvage. Au micro d'Europe 1, elle a rappelé qu'accuser quelqu'un d'islamophobie pouvait tuer, en témoigne le sauvage assassinat de Samuel Paty.

"Donner des noms en pâture"

"Traiter quelqu'un d'islamophobe peut tuer, évidemment je ferai tout pour que ça n’arrive pas dans le monde universitaire", a assuré la ministre.

En plein débat sur "l'islamo-gauchisme" au sein des universités, des affiches anonymes ont été collées sur les murs de l'IEP, sur lesquelles était écrit: "Des fascistes dans nos amphis. L'islamophobie tue." Le parquet de Grenoble a depuis ouvert une enquête, notamment pour "injure publique".

"Je ne peux que condamner très fortement tous les faits qui conduisent à afficher des noms, des injures, à donner en pâture sur les réseaux sociaux des enseignants. C'est totalement intolérable que nous vivions une telle violence", s'est indignée Frédérique Vidal.

Les syndicats étudiants doivent revoir "leurs valeurs"

Sur Twitter, le syndicat étudiant Unef a relayé les photos de ces collages. Quelques jours plus tôt, l'Union syndicale Sciences Po Grenoble - le premier syndicat étudiant de l'établissement, qui dit être étranger à ces affiches - avait lancé un appel à témoins à propos du cours intitulé "Islam et musulmans dans la France contemporaine", tenu par le premier des deux professeurs mis en cause.

Lundi, le syndicat a réitéré ses attaques à leur encontre, réclamant "des sanctions tant que ces deux professeurs ne se seront pas excusés". Pour la ministre, les syndicats étudiants ont "une place essentielle" dans les universités, mais ils doivent revoir "leurs valeurs":

"Je suis convaincue que les syndicats étudiants ont toute leur place mais ils doivent se réinterroger. On ne peut pas débattre sereinement à partir du moment où on prend parti si violemment (...) C'est à eux de s'interroger sur leur histoire, leurs valeurs", souligne la ministre.

Dans cette affaire, "le mal est que des personnes sont venues de l’extérieur accuser certains professeurs", poursuit-elle. Revenant sur "l'étude scientifique" sur l'islamo-gauchisme à l'université qu'elle a diligentée au CNRS, la ministre rappelle que c'est son rôle "de défendre la liberté académique":

"Mon rôle est de combattre qu’on ne puisse pas travailler sur les sujets de son choix dans le milieu universitaire parce que la violence s’invite." Et d'ajouter: "la recherche doit rester libre."
Esther Paolini Journaliste BFMTV