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Sarkozy: un livre politique peut-il relancer une carrière?

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L'ancien président sort lundi son nouveau livre, dans lequel il tente un mea culpa à propos de certains épisodes  de son quinquennat. L'ouvrage doit notamment lui permettre de faire oublier des sondages peu favorables. Avant lui, ils ont été nombreux à miser sur un livre pour mieux préparer leur retour.

Le livre après la traversée du désert est-il devenu un exercice obligé de la Ve République? C'est en tout cas devenu une étape incontournable des politiques: en témoigne le nouvel ouvrage de Nicolas Sarkozy, La France pour la vie (Plon), qui paraît lundi.

Ce n'est pas le premier essai de l'ancien président. Mais il doit l'aider à franchir les dernières étapes qui le mèneront à la présidentielle de 2017, alors que les sondages lui sont peu favorables.

Mitterrand et "Ma part de vérité"

Avant lui, nombreux sont ceux qui se sont livrés à l'exercice. L’un des exemples les plus marquants, c'est la tentative de retour de François Mitterrand en 1969, en publiant Ma part de vérité. "C'était après mai 68, il avait été maladroit. Il était rejeté par l'opinion, notamment par les jeunes. Ce livre a brusquement transformé son image", se souvient Alain Duhamel, éditorialiste politique sur RTL.

Pari réussi pour François Mitterrand, élu président en 1981. Mais combien d’échecs a-t-on pu constater chez d’autres politiques qui n'ont pas avoir respecté la recette? "Il faut qu'il y ait une dimension personnelle, et que ce ne soit pas un livre d'auto-congratulation", recommande Alain Duhamel. Il faut que ce soit un retour sur ce qu'on a fait, avec un examen critique. Et une volonté de montrer qu'on a toujours des idées neuves."

Une affaire de timing

Et le timing compte, aussi. Trois ans après son échec à la présidentielle, en 1984, Valéry Giscard d’Estaing tente un retour avec Deux Français sur trois. Il y esquisse un début de mea culpa: "Il a dit avoir sous-estimé la rupture entre lui et les Français, et ne pas suffisamment avoir vu venir la trahison de Jacques Chirac", précise l'historien Jean Garrigues.

Mais cela ne suffira pas: il est déjà trop tard pour VGE. "Lorsqu'il revient, il n'a plus d'appuis ni de soutiens, l'opinion a déjà tourné la page", se souvient Stéphane Rozès, politologue, président de la société de conseil CAP. 

"Nicolas Sarkozy, lui, a encore des appuis et des soutiens, mais pour l'heure, 80% des Français ne souhaitent pas qu'il soit candidat à la présidentielle", selon lui.

Dans son livre, Nicolas Sarkozy promet d'avoir changé, et entame son autocritique à propos de certains épisodes marquants de son quinquennat - comme la désormais célèbre phrase "Casse-toi pauvre con". "Il aurait dû le faire à sa sortie de sa traversée du désert, or il est déjà revenu dans l'arène. Et les Français n'ont pas vu le changement", note Stéphane Rozès. En 2001, son essai Libre lui avait permis de retrouver les faveurs de l’opinion. En sera-t-il de même pour La France pour la vie?

Ariane Kujawski, vidéo: Patrick Sauce, Timothée Le Blanc