Sarkozy promet des moyens à la police, mais pas en effectifs

Nicolas Sarkozy s'est efforcé jeudi à Orléans de rassurer policiers et gendarmes, vent debout contre les redéploiements d'effectifs, en leur promettant d'améliorer leurs conditions de travail. Il a précisé que les investissements se feraient dans les équi - -
par Yann Le Guernigou
ORLEANS, Loiret (Reuters) - Nicolas Sarkozy s'est efforcé jeudi de rassurer policiers et gendarmes, vent debout contre des redéploiements d'effectifs, en déclarant que tout serait mis en oeuvre pour améliorer leurs conditions de travail.
Le chef de l'Etat, qui s'exprimait dans un commissariat d'Orléans, a toutefois indiqué que les investissements de l'Etat se feraient plus dans les équipements que dans les personnels.
Pour son premier déplacement sur le thème de la sécurité depuis septembre, il est revenu aussi sur l'affaire de la jeune femme disparue dont le corps a été retrouvé démembré en Loire-Atlantique en déclarant que les "dysfonctionnements" dans le suivi judiciaire de son meurtrier présumé seraient sanctionnés.
"Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable sans s'assurer qu'il sera suivi par un conseiller d'insertion, c'est une faute", a-t-il dit.
Il a assuré policiers et gendarmes du "soutien complet de la République", ajoutant : "Croyez bien que je ne vous ai pas oublié !"
Selon des médias, Nicolas Sarkozy est intervenu personnellement en début de semaine pour annuler la fermeture de deux compagnies de CRS à la suite d'une fronde dans leurs rangs.
Des syndicats de policiers ont depuis menacé de suivre l'exemple des CRS pour contraindre l'Etat à revenir sur des projets de fermetures de commissariats en province dans le cadre de sa politique de réduction des effectifs de la fonction publique.
"On va mettre tout en oeuvre pour améliorer vos conditions de travail", a dit le président à Orléans.
Mais il s'est empressé d'indiquer qu'on ne pouvait plus raisonner "exclusivement en termes d'effectifs" et que "la meilleure façon d'aider la police et la gendarmerie à faire leur travail, c'est d'investir massivement dans les moyens techniques".
"FOSSÉ D'INCOMPRÉHENSION"
"Jamais dans l'histoire de la République, on n'on a arrêté autant de coupables d'agressions sexuelles - un violeur sur deux maintenant est retrouvé et puni", a-t-il notamment expliqué en soulignant que ces progrès, "c'est pas les effectifs qui les font, ce sont les fichiers, c'est la police scientifique."
Lors d'une table ronde sur la prévention de la délinquance organisée par la suite dans un quartier sud d'Orléans, il a évoqué aussi le développement de la vidéosurveillance, dans laquelle il voit "l'avenir" de la lutte contre l'insécurité.
A ceux qui dénoncent une technologie qui porte atteinte à la liberté individuelle, Nicolas Sarkozy a déclaré que "faire de l'idéologie sur la présence de la vidéosurveillance dans les rues, c'est un débat retardataire".
"Les caméras ne sont pas de gauche, elles ne sont pas de droite, pas du centre, elles ne sont pas d'opposition, pas de la majorité, elles sont là pour aider les forces de l'ordre à maintenir l'ordre public !"
Le chef de l'Etat est revenu également sur son projet de jurés populaires dans les tribunaux correctionnels, laissant entendre qu'il souhaitait qu'il entre en vigueur dès cette année.
Il s'agit, selon lui, de combler le "fossé d'incompréhension" entre certaines décisions de justice et le sentiment des citoyens.
"Imaginez qu'avant la fin de l'année, certains parmi vous seront tirés au sort pour siéger une semaine durant au sein du tribunal correctionnel de votre département", a-t-il dit à l'adresse de la salle.
"C'est vous qui donnerez votre avis sur le quantum des peines à appliquer à tel ou tel délinquant (...) la Justice est rendue au nom du peuple français. Et bien désormais, elle sera rendue aussi par le peuple français."
Edité par Patrick Vignal