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Sarkozy condamné: pour Le Pen, "la justice a cherché à influer directement" sur la présidentielle

La présidente du rassemblement national Marine Le Pen à Nanterre le 10 février 2021

La présidente du rassemblement national Marine Le Pen à Nanterre le 10 février 2021 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

Invitée d'Europe 1, la présidente du Rassemblement national s'est dite gênée par "beaucoup de choses" dans la condamnation de l'ancien chef de l'État.

Aux yeux de Marine Le Pen, l'affaire dite "des écoutes" était "viciée, dès le départ". Au lendemain de la condamnation de Nicolas Sarkozy à trois ans de prison dont un ferme pour "corruption" dans ce dossier, la présidente du Rassemblement national, d'ores et déjà candidate à l'Elysée, se montre méfiante. Au micro d'Europe 1, elle a déclaré qu'elle "ne souhaitait pas" que la justice fasse "la primaire de la présidentielle".

"Si Nicolas Sarkozy souhaite être candidat à la présidentielle, il doit l'être, il devrait l'être malgré la condamnation, dont je rappelle qu'elle n'est pas définitive", a ajouté la députée du Pas-de-Calais.

"Gouvernement des juges"

Rappelons que Marine Le Pen est elle-même mise en examen, avec d'autres responsables de son parti, pour des emplois présumés fictifs du FN (devenu RN) au Parlement européen. Interrogée là-dessus, elle a assuré qu'elle ne "craignait personne" et "serait candidate à la présidentielle quoi qu'il arrive".

"Dans un certain nombre d'affaires, les miennes, celles de M. Fillon, la justice ne s'est pas comportée de la même manière" et a "cherché à influer directement sur l'élection", a estimé la cheffe du RN, faisant allusion à "l'affaire Penelope", qui a défrayé la chronique durant la campagne présidentielle de 2017.

"Dans une démocratie on se combat par les idées, on se combat politiquement, on ne se combat pas par l'intermédiaire de magistrats qui pourraient ainsi décider qui peut se présenter et qui ne peut pas", a insisté Marine Le Pen.

"Le peuple est souverain, c'est lui qui décide, ce ne sont pas les magistrats, sinon c'est le gouvernement des juges", a-t-elle dénoncé.

Macron "débarrassé d'un rival" selon Mélenchon

La candidate a accusé le Parquet national financier, une "juridiction d'exception", d'être devenu "le parquet de l'opposition" et a demandé à nouveau sa "suppression". Le vice-président du RN Jordan Bardella avait ironisé lundi sur "la République des Juges" et "leurs procédés très contestables".

Leader politique d'un bord opposé à celui de Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon a toutefois eu une réaction similaire. Sur Twitter, le chef de file de La France insoumise a écrit que la condamnation de Nicolas Sarkozy permettait à Emmanuel Macron d'être "débarrassé d'un sérieux rival".

Depuis que le siège de son mouvement a été perquisitionné en octobre 2018, Jean-Luc Mélenchon n'a eu de cesse de dénoncer ce qu'il estime être une instrumentalisation de la justice visant à l'abattre politiquement. En marge de sa comparution devant le tribunal de Bobigny pour "rébellion et provocation" en septembre 2019, le député des Bouches-du-Rhône s'est dit victime de "lawfare", tactique mise en œuvre dans les pays d'Amérique latine. Au travers, Jean-Luc Mélenchon écrivait y voir les rouages du "système judiciaire macronien".

Jules Pecnard avec AFP Journaliste BFMTV