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Sarkozy : « Amis pédophiles, à demain ! »

Vendredi dernier à Lisbonne, Nicolas Sarkozy a imaginé que le journaliste qui l'interrogeait dans l'affaire Karachi pouvait être un «pédophile». Une démonstration par l'absurde qui a choqué sur place.

Vendredi dernier à Lisbonne, Nicolas Sarkozy a imaginé que le journaliste qui l'interrogeait dans l'affaire Karachi pouvait être un «pédophile». Une démonstration par l'absurde qui a choqué sur place. - -

Vendredi dernier à Lisbonne, Nicolas Sarkozy qui se défendait devant des journalistes dans le dossier Karachi, a voulu démontrer l'absurdité de leurs questions en les traitant de «pédophiles». Et en insistant...

La scène a mis trois jours à sortir des coulisses du sommet de l'OTAN, qui se déroulait le week-end dernier à Lisbonne. Il est 21 heures, vendredi, lorsque Nicolas Sarkozy se retrouve devant plusieurs journalistes pour un point presse.
C'est lorsque l'un d'eux le questionne sur son rôle éventuel dans l'affaire Karachi, et la possibilité qu'il ait pu donner son aval à la création de sociétés ayant pu percevoir des rétrocommissions, que les choses dérapent.

Selon le site internet du JDD, Nicolas Sarkozy répond:

- « Jamais mon pauvre. J'ai donné mon aval »
- « Mais la pièce est dans le dossier du juge... »
- « Qui dit ça ? Mais enfin écoutez, jamais ! Je n'en ai aucun souvenir. Vous voyez le ministre du Budget qui va signer un document pour donner son aval à une société luxembourgeoise ? Pendant deux ans, on m'a poursuivi pour l'affaire Clearstream au Luxembourg. Tiens, c'était Van Ruymbeke aussi; tiens, c'était le même; alors c'est curieux, tiens (...) Ecoutez, on est dans un monde de fous. Il n'y en a pas un seul parmi vous qui croit que je vais organiser des commissions et des rétro-commissions sur des sous-marins au Pakistan? C'est incroyable et ça devient un sujet à la télévision. Et vous, j'ai rien du tout contre vous. Il semblerait que vous soyez pédophile... Qui me l'a dit? J'en ai l'intime conviction. Les services. De source orale. Pouvez-vous vous justifier? Et ça devient ''je ne suis pas pédophile'. Mais attends. Faut être sérieux quand même. Soit vous avez quelque chose et dans ce cas là j'y réponds bien volontiers. Soit vous avez rien et parlez-moi de choses intéressantes...»

Alors que les conseillers de Nicolas Sarkozy semblent lui indiquer qu'il faut abréger le point-presse pour aller dîner, un journaliste lance:
- « J'espère qu'on vous a pas coupé l'appétit »
- « Mais non, c'est sans rancune. Hein, le pédophile ». Avant de poursuivre un peu plus tard: « Mais ne vous trompez pas c'est un sujet sérieux. On va pas courir en permanence après la dernière boule puante comme ça. Ecoutez vous êtes des professionnels sérieux. Je dis: 'Faites votre travail, c'est à vous de voir si c'est sérieux ».

Et de clôturer la discussion, quelques minutes plus tard, en lançant: « Amis pédophiles, à demain ! ».

Un journaliste de BFM TV, témoin de la scène : « Sarkozy se voulait ironique »

Thierry Arnaud, journaliste à BFMTV, se trouvait dans la salle lorsque ce drôle d'échange a eu lieu. Il explique que « jusque là, ça avait une ambiance très détendue, on avait parlé de tous les sujets. L'OTAN, l'Afghanistan, le bouclier anti-missiles... C'est vrai que les choses se sont un peu tendues à partir du moment où on a commencé à parler de cette "affaire Karachi". On a bien vu très vite qu'il y avait deux choses qui avaient beaucoup fâché Nicolas Sarlozy : que l'on puisse considérer qu'il ait pu jouer un rôle comme ça dans cette affaire, et puis il considérait que les journalistes ne faisaient pas bien leur travail et qu'ils relayaient des accusations sans les vérifier. Il a pensé : 'Je pourrais tout aussi bien expliquer que vous êtes pédophile'. Ça se voulait ironique ».

bourdinandco