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Sapin promet 150.000 emplois pour les jeunes en difficulté

Le ministre du Travail, Michel Sapin, et la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso (à gauche). Le gouvernement a dévoilé mercredi ses "emplois d'avenir", qui visent à aider les jeunes sans diplômes de 16 à 25 ans vivant

Le ministre du Travail, Michel Sapin, et la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso (à gauche). Le gouvernement a dévoilé mercredi ses "emplois d'avenir", qui visent à aider les jeunes sans diplômes de 16 à 25 ans vivant - -

Le gouvernement a dévoilé ce mercredi ses "emplois d'avenir", qui visent à aider les jeunes sans diplômes de 16 à 25 ans vivant dans des zones défavorisés, un dispositif qu'il juge essentiel pour remporter la bataille de l'emploi.

Le ministre du Travail, Michel Sapin, a estimé que les premiers contrats pourraient être signés avant le 1er janvier 2013 si tous les acteurs, services de l'Etat et futurs employés, "font chauffer le moteur".
Le texte, qui correspond à un engagement de campagne de François Hollande, sera le premier examiné lors de la session parlementaire, avancée au 10 septembre. A la différence des "emplois jeunes" créés en 1997 sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin, les "emplois d'avenir" cibleront uniquement, via des contrats aidés, de jeunes chômeurs sans qualification et dans des zones défavorisées. "Nous ciblons le noyau dur du chômage (...) le coeur de la désespérance des jeunes", a dit Michel Sapin lors d'une conférence de presse organisée après la présentation du texte en conseil des ministres.

Le gouvernement considère que 400.000 jeunes de moins de 25 ans sont "dans la galère", la hausse du chômage au mois de juillet ayant été la plus marquée dans cette catégorie, sur fond d'augmentation générale. Le dispositif ciblé par l'Etat à hauteur de 75% coûtera 1,5 milliard d'euros en année pleine, lorsque 150.000 contrats seront en action, a précisé le ministre. Lors du compte-rendu du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a évoqué le chiffre de 2,3 milliards pour 2013, incluant la mise en place et la montée en puissance du dispositif.

100 000 emplois dès 2013

Le ministre du Travail prévoit de créer 100.000 emplois d'avenir dès le début de l'année prochaine puis 50.000 en 2014. Les contrats seront d'une durée d'un an minimum et de trois ans maximum.
L'opposition de droite a jugé le dispositif gouvernemental trop coûteux et estimé que le gouvernement se trompait de stratégie. Mais le ministre du Travail a assuré que la suppression du dispositif de défiscalisation des heures supplémentaires créées par le précédent gouvernement entraînait "une économie de 2 milliards d'euros qui permettra de faire face à ce coût supplémentaire" des emplois d'avenir. Pas moins de cinq ministres entouraient Michel Sapin pour marquer la mobilisation sur la "bataille de l'emploi".

Les contrats pourront être à durée déterminée (CDD) mais l'incitation sera forte pour que les employeurs optent pour des CDI. Les emplois d'avenir privilégient "les activités d'avenir ou dont l'utilité sociale est avérée" et les employeurs viendront prioritairement du secteur associatif et de l'économie sociale et solidaire, avec quelques exceptions dans le privé. Une part concernera l'Education nationale. Sur l'année 2013, 6.000 "emplois d'avenir professeurs" seront créés. Ils seront réservés aux boursiers et prioritairement aux habitants des zones urbaines sensibles (ZUS), a dit Michel Sapin.

"Et la pérennisation de l'emploi du jeune ?"

La CGT s'est inquiétée de la place accordée à la formation, estimant que "l'accès à une formation qualifiante est indispensable pour permettre aux jeunes d'accéder à l'emploi pérenne". Mais le gouvernement a assuré que le "contenu de l'accompagnement des jeunes" serait pris en compte lors de la signature des contrats. Il ne s'agit pas avec ces nouveaux emplois aidés "de brader", de "faire du chiffre", mais d'un dispositif avec "un accompagnement renforcé" et "la possibilité d'une formation" pour que les jeunes concernés aient au final "le bagage professionnel pour réussir", a dit Michel Sapin.
Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a quant à lui critiqué l'utilisation de ce dispositif des politiques publiques d'emploi au sein de l'éducation nationale. "Le grand défi de ce type de contrat reste la pérennisation de l'emploi du jeune lorsque l'aide de l'Etat prendra fin. L'expérience des emplois jeunes en 1997 n'incitant pas à l'optimisme surtout dans un contexte économique de crise", a-t-il dit dans un communiqué.

La Rédaction, avec Reuters