Revoter à l’UMP, c’est le scenario du pire !

Hervé Gattegno - -
C’est le scenario du pire. La raison la plus évidente, c’est qu’il faut que ce feuilleton lamentable, plus près de la téléréalité que de Shakespeare, s’arrête et le plus tôt sera le mieux. Une nouvelle élection, ça veut dire recommencer la campagne interne depuis le début : la collecte des parrainages, puis les meetings, les débats – dans une ambiance qui ne tournerait pas à la franche camaraderie. Avec peut-être d’autres candidats. Et le tout se terminerait par un vote sous haute surveillance, avec de la suspicion partout. C‘est la nausée assurée. Sans compter que rien ne garantirait que cette fois, il n’y ait pas de contestation !
Il n’empêche que c’est la solution qui a la faveur des sympathisants (67% d’après un sondage paru ce week-end), des partisans de François Fillon et maintenant de Nicolas Sarkozy.
L’intérêt de François Fillon est évident : ça lui offrirait une 2ème chance (au passage, ça contredit l’idée de faire arbitrer le 1er scrutin par la justice). S’agissant de Nicolas Sarkozy, on ne sait pas ce qu’il a dit exactement ; on peut penser qu’il veut se poser en juge de paix sans pencher ni pour Fillon ni pour Copé – d’ailleurs il semble qu’il ait aussi déconseillé à François Fillon de saisir la justice. Enfin, pour les sondages, attention à ne pas reproduire l’erreur de la campagne en confondant sympathisants et adhérents. Les sympathisants souhaitent peut-être un second vote, mais ils ne votent pas. Ce sont les adhérents qui votent – et on ne peut pas dire que refaire l’élection soit le moyen le plus évident de respecter leur vote.
Mais si François Fillon décide réellement de saisir la justice, est-ce qu’un juge ne peut pas imposer une nouvelle élection pour la présidence de l’UMP ?
En théorie, c’est possible. Mais pas certain parce que le juge statuerait en intégrant aussi les règles internes de l’UMP – y compris la compétence de la commission des recours, sauf à prouver qu’elle n’est pas impartiale. On peut imaginer des annulations partielles, là où des fraudes sont avérées, mais ça n’impliquerait pas forcément qu’on revote partout. Surtout, la procédure serait très longue, avec des expertises, des possibilités d’appel, de plaintes pénales qui gèleraient toute la procédure… Au mieux, on revoterait dans un an. Autant prononcer tout de suite la dissolution de l’UMP !
Ça veut dire que François Fillon a perdu et qu’il doit se faire une raison, s’effacer au profit de Jean-François Copé ?
Il n’a plus vraiment le choix. Il a répété cent fois qu’il ne veut pas causer la division et il a dit qu’il renonçait à la présidence de l’UMP. Donc ce serait à la fois honorable et cohérent. On peut désapprouver les méthodes expéditives de Jean-François Copé ; mais François Fillon ne convaincra personne qu’il serait de l’intérêt de l’UMP de diviser en deux son groupe parlementaire pour jouer les Capulet et les Montaigu à l’Assemblée. Jusqu’ici, on a eu le pire de la politique. Ce serait proposer la politique du pire. Ce serait aussi montrer la preuve que le « coup de force » qu’il dénonce chez Jean-François Copé est autant un aveu de faiblesse pour lui-même.
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