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Politique

Réunion contestée à l'Elysée sur les gens du voyage

Nicolas Sarkozy préside ce mercredi une réunion sur les problèmes que posent à ses yeux une partie des gens du voyage, et qui suscite l'indignation des défenseurs des droits de l'Homme et de la gauche. /Photo d'archives/REUTERS

Nicolas Sarkozy préside ce mercredi une réunion sur les problèmes que posent à ses yeux une partie des gens du voyage, et qui suscite l'indignation des défenseurs des droits de l'Homme et de la gauche. /Photo d'archives/REUTERS - -

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy préside ce mercredi une réunion sur les problèmes que posent à ses yeux une partie des gens du voyage, et qui...

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy préside ce mercredi une réunion sur les problèmes que posent à ses yeux une partie des gens du voyage, et qui suscite l'indignation des défenseurs des droits de l'Homme et de la gauche.

Outre le Premier ministre François Fillon, les ministres de la Justice, de l'Intérieur et de l'Immigration, Michèle-Alliot-Marie, Brice Hortefeux et Eric Besson, sont attendus en fin de journée à l'Elysée. La réunion débute à 17h00.

Les discussions porteront sur "les problèmes que posent le comportement de certains ressortissants des communautés au regard de l'ordre public et de la sécurité", dit l'Elysée dans un communiqué.

L'opposition estime que la tenue d'une telle réunion au sommet de l'Etat revient à stigmatiser et à accabler une population pour tenter de faire oublier l'échec de Nicolas Sarkozy et du gouvernement contre l'insécurité.

Le chef de l'Etat avait annoncé la tenue de cette réunion après l'attaque d'une gendarmerie par une cinquantaine de personnes, dont des gitans, à la mi-juillet à Saint-Aignan (Loir-et-Cher).

Des responsables de la majorité se sont défendus de chercher à jeter le discrédit sur les Roms et les gens du voyage dans leur ensemble.

Pour le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, la réunion vise seulement à "lutter contre un comportement qui jette le discrédit sur toute une communauté".

"Que l'on soit Roms, que l'on soit gens du voyage, que l'on habite dans un lieu fixe ou non, il y a des règles dans la République et ces règles doivent être respectées", a-t-il déclaré sur RMC.

"Ce n'est pas parce qu'on vit sur un terrain que cela donne le droit de prendre d'assaut une gendarmerie", a ajouté le secrétaire d'Etat.

Laurent Wauquiez a déploré le "retour d'un Parti socialiste version 'oui oui' avec un mélange d'angélisme et de déni de réalité" sur les questions de sécurité.

"CLICHÉS"

"Il n'est pas question de stigmatiser une communauté dans son ensemble, ce n'est à l'esprit de personne", avait auparavant déclaré, mardi soir, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux. Mais "il y a, dans cette communauté, des comportements qui ne sont pas acceptables".

Des arguments rejetés par Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste.

"Nous disons qu'il y a des problèmes avec des délinquants mais nous n'accablons pas une population", a-t-il dit sur France 2.

"Il y a des délinquants parmi les Roms, il y a des délinquants parmi les gens du voyage et il y a des délinquants à Neuilly-sur-Seine" la ville dont Nicolas Sarkozy a été maire pendant près de vingt ans, a-t-il ajouté.

Pour le responsable socialiste, ce qu'on attend d'un chef de l'Etat, "c'est qu'il se place au dessus des préjugés, des clichés qui peuvent exister" sur les gens du voyage qui seraient assimilés à "rapine, vol et trouble".

L'aumônerie catholique des gens du voyage a également déploré que les incidents de Saint-Aignan aient "servi de prétexte à des généralisations hâtives et à une recrudescence de la stigmatisation dont sont victimes ces populations."

"Nous sommes convaincus que le remède à la peur et à l'insécurité ne se trouve pas dans une surenchère sécuritaire mais passe par une action de longue haleine nourrie de respect et de connaissance réciproques", écrivent Mgrs Raymond Centène et Claude Schockert, évêques de Vannes et de Belfort-Montbéliard.

L'ex-ministre PS Louis Besson, auteur de la loi de 2000 sur les gens du voyage, a rappelé que la moitié des communes de plus de 5.000 habitants ne respectaient pas les dispositions les obligeant à aménager des aires d'accueil pour ces personnes.

Sur France Info, il a invité l'Elysée à se pencher sur la question "du développement d'une quasi-sédentarisation" de ces populations, soulignant que beaucoup voulaient vivre en caravane sur des terrains leur appartenant.

Le sénateur UMP Pierre Hérisson, qui préside la Commission consultative des gens du voyage et a rédigé un rapport en 2008 sur le sujet, a appelé à "veiller à ce qu'il n'y ait pas de dérive en direction d'une forme de communautarisme".

"La gestion et la problématique des gens du voyage, y compris ceux qui posent un problème de vivre ensemble et de mixité sociale, c'est l'accueil et le stationnement", a-t-il expliqué sur France Inter.

"Les Roms, c'est autre chose, c'est un problème qui est lié à l'immigration et à la libre circulation européenne. C'est un problème qui doit être traité indépendamment des problèmes de délinquance", a-t-il ajouté.

Laure Bretton et Gérard Bon, édité par Sophie Louet