Remaniement: le soufflet est retombé

Les coulisses de la politique, tous les matins à 7h20 sur RMC avec Christophe Jakubyszyn. - -
Samedi soir, un communiqué de Nicolas Sarkozy crée le suspens: « Le Président de la République a accepté la démission de François Fillon et a ainsi mis fin aux fonctions de M. François Fillon ». A ce stade, on pense que c’en est fini du chef du gouvernement. Car normalement, quand on conserve son premier ministre on ajoute: « Le Président lui a aussitôt demandé de former un nouveau gouvernement ».
Mais Nicolas Sarkozy veut montrer à la France entière qu’il garde la main. Que François Fillon ne s’est pas imposé contre Jean-Louis Borloo. Place aux adieux fracassants sur le perron de l’Elysée. Fillon trouve ça sans doute ridicule, mais il joue le numéro demandé par le Président. Le lendemain matin, Nicolas Sarkozy annonce qu’il nomme… François Fillon premier ministre. Il le charge de former un gouvernement. Il est dix heures, tout va s’accélérer.
L’heure des caprices
C’est Jean-Louis Borloo d’abord, qui fait des siennes. Depuis mercredi, le ministre de l’Ecologie a décidé de sortir du gouvernement. Selon un de ses proches, son objectif est désormais de « les faire chier ». Résultat, le président du Parti radical refuse tout ce qu’on lui propose. Un ministère de l’Ecologie encore plus grand ? C’est non. La Justice ? C’est non. Les Affaires étrangères alors, pourtant promises à Christine Lagarde ? C’est non, non et non. A 15 heures, Fillon résume : « Bon alors, tu ne veux rien ? ». Non.
Les centristes donnent désormais l’impression d’être hors-jeu, car à cette avalanche de refus s’ajoutent les déclarations incendiaires d’Hervé Morin et de Valérie Létard, une proche de Borloo.
De son côté, Jean-François Copé décide d’en rajouter une couche en décidant de refuser le ministère de l’Intérieur, un portefeuille pourtant prestigieux. Le choix est stratégique. Il va à l’encontre des souhaits de François Fillon, qui préférerait avoir le trublion sous son autorité avant la guerre de succession qui s’annonce pour 2017, et la succession à Nicolas Sarkozy. Copé préfère le parti. Il téléphone au Président qui lui accorde sa confiance et lui cède les rênes de l’UMP. Officieusement, les deux hommes ont pactisé: Copé devra faire contrepoids à Fillon, et ainsi soulager le Président.
Le dernier caprice ? Le net refus que Fillon oppose à l’arrivée de Claude Guéant au gouvernement. Le premier ministre opte ici pour une alliance avec Hortefeux, qui veut conserver sa place, pour dissuader le Président de faire entrer son secrétaire général à l’Elysée.
A 20h15, ce dernier se contente, un peu déçu, d’annoncer la liste d’un gouvernement dont il ne fait pas partie.
Nombre de têtes déjà connues
Résultat des courses, la physionomie du gouvernement ne change pas beaucoup. Nombre de têtes sont déjà connues, y compris chez les nouveaux ministres : Alain Juppé revient, Xavier Bertrand rempile à la Santé et au Travail. Enfin, notons que dans ceux qui restent, beaucoup font la moue. Pas de promotion pour Chatel, qui reste ministre de l’Education. Pas de promotion pour Lagarde, qui reste à l’Economie. Pas de promotion pour Pécresse, qui reste ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Et pas de promotion pour Baroin, qui reste au Budget (avec en guise de consolation la place de porte-parole du gouvernement).
Bilan, le soufflet sort du four, il est raté. Il a la forme.. d’un camouflet.